Les Verts Socialistes Maghrebins

 

   Parti de l´écologie liée nécessairement au socialisme scientifique. la nature de son édification  est la scission avec la politique quotidienne.

Service gratuit simple et accessible à tous

J'y vais
Construisez votre site web avec
SiteW

La société future agit déjà dans le présent

 "La société bourgeoise, fondée sur la valeur d'échange, développe des rapports de distribution et de production qui représentent autant de mines pour la faire éxploser. Elles sont une masse de formes qui s'opposent à l'unité sociale, dont le caractère antagoniste ne saurait être éliminé par une paisible métamorphose. Du reste, si nous ne pouvions pas déjà percevoir, enfouies dans cette société telle qu'elle est, les conditions matérielles de production et de relation entre les hommes propres à une societé sans classes, toutes nos tentatives de la faire éclater seraient du donquichottisme " (Karl Marx, Grundrisse).

A la fin de la page:

Analyse Marxiste sur le taux de profit

Tunisie: Les roues crevées

 

Cherchez la raison du mauvais fonctionnement de l'économie tunisienne....

Posez vous les questions toujours:

a) Pourquoi ça ne marchera pas,

b) Depuis quand notre économie stagne;

c) Quelle sont les causes de ces stagnations permanentes de 

    production et de distribution?

 

a) Les élections nous ont cristallisé et formé un gouvernement composé d´éléments  ne formant aucune structure progressive d´état par rapports à l´évolution des forces productives, pour une des raisons, l´état est et sera toujours provisoire, d´autant plus composé d´éléments imposés par le pouvoir des donateurs de fonds et  non par la nature des rapports économiques, et le plus grave encore est lorsque ces derniers sont  aux mains de gouvernants opportunistes et par essence antagonistes, dont les conséquences expliquent ce freinage économique général accompagné d´absence de suivis et de capacités professionnelles inadéquates aux apports fructueux dont

s'attendent encore les masses humaines investies dans le processus de travail.

 

b) Depuis le début de la I. république, la politique du pays reposait sur "YE KRIM MTAA RABBI " qui a dû faussé même la phrase de "l´unité nationale" au profit de la petite bourgeoisie et sans pouvoir quitter le terrain de la démagogie au lieu d´impulser l'économie.

L'endettement du pays devenu depuis des décennies déja une des traditions et principe de camouflage, de gonflage des roues crevées jusqu'aujourd’hui, et ce, sans vouloir ni pouvoir appliquer l´exemple du développement chinois: S'étrangler pendant 20 ans à la fermeture de l'importation a 80 % pour consolider la production locale pendant 100 ans, le seul remède au chômage et à la relance économique locale.

 

c) Les fonctionnaires d´état n´assument aucune responsabilité, malgré qu´ils reçoivent le double et le triple du salaire de l´ouvrier, ce rapport de salaires inexistant au monde: "je travaille selon mon paiement" disent-ils, donc il y a un choix personnel qui détermine la valeur de son travail et de son salaire ? et si chacun se comporte de telle façon, il n´ý aura jamais une administration loyale, équitable qui pourrait maintenir un état capitaliste ou socialiste, nous nous trouverons dans un espace de chaos et non de règlement de la vie sociale.

Et si nous abordons encore la productivité ou disons le rythme de travail dans les zones rurale, alors là on risque de perdre la raison, car  je le vois dèja pendant des décennies à l´école comme à l'entreprise, un traînage de 2 KM/h  et sans parler de vols au sein des entreprises surtout dans les zones de Kairouan et Enfidha. Berrrrrrrr

 

Règle: La production sociale agrandit le marché et non l´inverse pour ceux qui cherchent de nouveaux marchés.

A droite est la suite "le gouvernement de mille et une nuits".  

Par A. Computer Sousse le 14.02.2017

 

   

 

LE GOUVERNEMENT DE MILLE ET UNE NUITS

 

La réponse est si courte qu'elle pourrait s´étendre historiquement sans fin et qui fera la suite de l´état décadent: Quel pays a-t-il bénéficié de l'aide Américaine ? L' Amérique Latine ruinée par les guerres, Les bombes atomiques à Nagasaki et Hiroshima? la Coré divisée en deux par les USA? l'Allemagne 3/4 de l'infrastructure anéantie? et dont le Marshall Plan a été payé par les réserves de centaines de tonnes d'or dérobées du Deutsches Reich vers les USA pendant la II.guerre mondiale, ou plutôt la démocratisation de l’Irak,  Libye, Syrie  qui résulte en une boucherie permanente et en destructions massives de l infrastructure ? Mettez vos lunettes messieurs les démocrates !.

  Suite est a la TUNISIE1

Ce texte est destiné aux amis, alliés des USA 

 fr eu 1951 2018 taux de profit crises cycliques

 

Le prochain krach : où et quand ?

                     Crises cycliques      Partie II

Où ? Plusieurs scénarios de crise sont possibles à partir de la configuration que nous venons de décrire : la défaillance d’une banque importante fortement engagée dans des dettes publiques difficilement remboursables ou des titres pourris analogues à ceux des subprimes  ; un ralentissement important en Chine couplé à un krach de la bourse de Shanghai ; un relèvement des taux d’intérêt de la banque fédérale des États-Unis qui ferait éclater diverses bulles spéculatives ; le défaut d’un grand pays émergent dépendant des hydrocarbures, comme le Venezuela, ou même à terme la Russie ; l’éclatement d’une des multiples bulles financières [67], etc. Peu importe, comme en 2007-2008, le lieu du déclenchement de la prochaine crise ne dira rien sur sa nature et cause réelle (un des buts de cet article est de tenter d’en éclairer les véritables ressorts).

Quand ? En réalité, le krach financier a déjà commencé depuis 2015 de façon rampante pour se déclarer aujourd'hui de plus en plus ouvertement. Ce krach résulte du taux de profit conjoncturellement orienté à la baisse depuis 2013 (cf. graphique n°2). Il est donc fort probable que la crise qui se développe dans l’économie réelle et qui percole maintenant dans la finance, éclatera au grand jour dans les mois à venir ou en 2018 au plus tard.

Et demain ?

Marx caressait l’espoir de « déterminer mathématiquement les lois principales des crises »mais le temps et certaines données lui firent défaut [68]. Cet espoir est désormais accompli grâce à la formalisation des indicateurs économiques qu’il a élaboré et aux statistiques disponibles. Nous venons d’exposer très brièvement l’une des multiples variantes de sa mécanique équationnelle [69]. Son caractère dynamique et prédictif nous permet, avec toute la prudence requise, d’esquisser quelques grands traits de la crise à venir et de ses voies de sortie possible.

Depuis deux siècles, le capitalisme a connu une succession d’ordres productifs durant lesquels ses grands déterminants se présentaient selon une logique d’ensemble qui faisait sens pendant un laps de temps donné : capitalisme sauvage, capitalisme victorien, capitalisme colonial, etc [70]. Au vingtième siècle, après les trente désastreuses (1914-1945) et les trente glorieuses (1945-1975), les trente piteuses du néolibéralisme (1982-2016) arrivent également à épuisement. La crise de 2001 signalait déjà l’échec de cet ordre productif que la crise des subprimes (2008-09) est venue confirmer … à tel point qu’il n’a jamais pu réellement redémarrer depuis lors et qu’il replonge à nouveau dans la gadoue aujourd’hui ! Signe des temps, l’on voit ressurgir parmi les économistes actuels des analyses sur la possibilité d’une stagnation séculaire [71] déjà entrevue par les économistes classiques (Adam Smith et David Ricardo). Dès lors, la crise actuelle signera-t-elle la faillite irrémédiable de l’ordre productif néolibéral mis en place au début des années 1980 ?

S’il n’existe aucune limite absolue au-delà de laquelle le capitalisme s’effondrerait [72], suffisamment d’éléments sont néanmoins réunis pour estimer que l’ordre productif néolibéral a définitivement fait son temps. Cependant, la faillite d’un ordre productif n’entraîne pas ipso facto l’émergence d’un nouveau car un faisceau de conditions économiques, sociales et politiques est requis. Force est de constater que ce faisceau n’est pas présent dans la situation actuelle [73]. Comment le capitalisme pourra-t-il alors subsister dans ces conditions et comment pourra-t-il se sortir de cette nouvelle crise qui s’annonce encore plus grave que la précédente ? En s’appuyant sur le constat que, depuis les années 1980, il a pu sortir de chacune de ses crises en augmentant le degré d’exploitation des salariés, trois possibilités s’offrent à lui :

La première consistera à mobiliser tous les moyens classiquement à sa disposition. Les dernières mesures prises par la BCE (Banque Centrale Européenne) rentrent dans ce cadre. Cependant, force est de constater qu’ils ont déjà très fortement été utilisés et que leur efficacité a progressivement décru au cours du temps jusqu’à s’être révélés à peu près nulle depuis 2009. Ainsi, ne dispose-t-il quasiment plus de l’arme des taux d’intérêt pour relancer la machine puisqu’ils sont déjà au plus bas et que leur diminution depuis 2007 n’a pas eu les effets escomptés. De même, compte tenu des niveaux atteints par l’endettement de tous les acteurs, mener des politiques de relance par ce moyen paraît peu probable ou sont par avance condamnées à l’échec, etc. Peu de latitude de ce côté-là donc.

La seconde consisterait, via une guerre ou une crise dévastatrice, à mener une politique de dévalorisation massive du capital (tant fictif que productif) et de la main-d’œuvre afin de rétablir les conditions d’un nouveau cycle d’accumulation. Jusqu’à présent, une telle éventualité a été écartée pour deux raisons. La première c’est qu’elle lèserait inévitablement des fractions entières du capital. Ainsi, jusqu’à présent, les politiques menées ont consisté à préserver le capital productif et financier de toute faillite ou dévalorisation massive. Cela s’est fait de deux manières : d’une part, par le sauvetage d’institutions financières et d’entreprises [74] en banqueroute via un transfert de leurs dettes privées vers les dettes publiques et, à travers les mesures d’austérité, par une ponction sur la plus-value ; d’autre part par l’injection massive de liquidités. La seconde, c’est qu’une telle dévalorisation d’ampleur pour des centaines de millions de salariés contient un risque social et politique non négligeable. En effet, malgré une combativité émoussée par le poids du chômage, les salariés conservent encore leur potentiel de contestation, d’autant plus qu’ils n’ont pas connu de défaite majeure dans des combats d’ampleur pour résister à la dégradation de leurs conditions de vie. Autrement dit, mener une telle politique d’attaques massives contre les salaires comporterait des risques encore jugés trop élevés jusqu’à présent.

La troisième, et la plus probable, consistera à rétablir le taux de profit, qui est conjoncturellement à la baisse depuis 2013, ainsi qu’à préserver le capital productif et le secteur financier de toute dévalorisation massive de leurs actifs. Cette politique sera assumée par l’État qui la fera payer ensuite à la population via une nouvelle augmentation du taux d’exploitation imposé aux salariés. Cette politique, jugée socialement et politiquement la moins risquée, n’est cependant aucunement amenée à réussir comme l’a démontré la quasi-stagnation de la croissance qui s’est installée depuis 2009.

Rien dans la situation présente ne permet donc d’entrevoir une issue favorable aux contradictions du capitalisme. A terme, celui-ci nous conduit dans le mur. Mais si les crises n’engendrent pas automatiquement une remise en cause de ce système, son renversement ne se fera pas sans crise. Le seul véritable espoir serait alors qu’à la faveur de l’austérité accrue les salariés commencent à contester la logique capitaliste dominante et le pouvoir de la bourgeoisie, premiers pas vers la disparition de ce système qui nous mène à la ruine.

[67] Celles-ci sont très nombreuses … si l’on se limite aux États-Unis, l’on peut citer : 
1- Celle qui s’est créée autour de la production de pétrole et de gaz de schistes : ce secteur représente aujourd’hui 16 % des dettes à risque émises par les entreprises américaines, contre seulement 4 % il y a quelques années. Or, tous ces prêts ont été accordés en tablant sur un baril de pétrole à 100 $, alors qu’aujourd’hui il est aux alentours de 30 $ seulement, et pour un certain temps encore avec l’éclatement de la prochaine crise. Autrement dit, les entreprises américaines dans ce secteur sont en train de plonger en-dessous du seuil de rentabilité et plus de 42 d’entre elles ont déjà dû fermer leurs portes en 2015 … à tel point qu’un fond spéculatif très lié à ce secteur – la Third Avenue – a fait faillite en décembre 2015 selon un scénario très semblable à la crise des subprimes : comprenant le retournement de ce marché, les clients de ce fond ont demandé à récupérer leurs avoirs, ce que ce dernier était incapable d’assurer. Or, le total des prêts accordés au secteur des pétroles de schiste représente 1600 milliards de dollars, contre 1300 milliards pour les subprimes avant l’éclatement de la bulle financière en 2008-09 et, comme pour les subprimes, la majeure partie de ces crédits ont été titrisée, c’est-à-dire transformée en produits financiers complexes et disséminée un peu partout dans le monde menaçant à nouveau de faillite certaines banques et acteurs financiers. 
2 - Celle autour des valeurs numériques : certains analystes un peu plus critiques soulignent que de nombreuses entreprises de la dite ‘nouvelle économie’ sont en réalité survalorisée comme lors du krach de la net-économie en 2001. 
3 - Celle autour des prêts accordés aux étudiants pour financer leurs études.

[68] « Voici ce dont il s’agit : tu connais les tableaux indiquant les prix, le taux d’escompte, etc. etc. avec leurs fluctuations au cours de l’année etc. sous forme de courbes en zigzag qui montent et descendent. J’ai essayé à différentes reprises - pour analyser les crises - de traiter ces montées et descentes comme des courbes irrégulières et d’en calculer le tracé et j’ai cru possible (et je continue à penser que c’est possible à l’aide d’une documentation triée avec assez de soin) de déterminer mathématiquement, à partir de là, les lois principales des crises. Moore, je l’ai dit, considère que la chose est infaisable pour l’instant, et j’ai décidé d’y renoncer pour le moment », lettre à Engels du 31-05-1873, Lettres sur le Capital, Ed. Sociales : 272.

[69] A titre d’exemple, le lecteur pourra lire avec grand intérêt les trois ouvrages suivant : Gouverneur Jacques, Les fondements de l’économie capitaliste, Contradictions ; Husson Michel, Misère du capital, Syros ; Duménil Gérard et Lévy Dominique, La dynamique du capital, PUF.

[70] Sur ce sujet, lire avec intérêt l’ouvrage de Dockès P. et Rosier B., Rythmes économiques, La découverte.

[71] La plus récente et fameuse référence est incontestablement l’ouvrage de Robert J. Gordon : The Rise and Fall of American Growth. The US Standard of Living since the Civil War, Princeton University Press, janvier 2016, 768 p..

[72] Sur ce sujet, nous renvoyons le lecteur à l’article suivant : « Des crises permanentes, çà n’existe pas » Marx.

[73] Sur ce sujet, nous renvoyons à notre ouvrage : Dynamiques, contradictions et crises du capitalisme.

[74] Comme ce fut le cas pour General Motors aux Etats-Unis par exemple.

 

Bibliographie

Bichler & Nitzan, Can Capitalists Afford Recovery ?
Dockès P. et Rosier B., Rythmes économiques, La découverte.
Duménil G. et Lévy D., La dynamique du capital, PUF.
Engels F., Anti-Dühring, Ed. Sociales.
Gaulard M., La crise du capitalisme chinois, Contretemps.
Gordon Robert J., The Rise and Fall of American Growth. The US Standard of Living since the Civil War, Princetown University Press, 2016.
Gouverneur J., Les fondements de l’économie capitaliste, Contradictions.
Husson M., La théorie des ondes longues et la crise du capitalisme contemporain.
Husson M., Le capitalisme en 10 leçons. 
Husson M., Les coordonnées de la crise qui vient.
Husson M., Misère du capital, Syros.
Lénine V., De la caractéristique du romantisme économique.
Luxemburg R., Réforme ou révolution, Maspéro.
Luxemburg R., L’Accumulation du capital et Anti-critiques, Maspéro.
Marx K., Le Capital, Grundrisse, Théories sur la plus-value, Ed. Sociales et La Pléiade.
Marx K., Lettres sur le Capital, Ed. Sociales.
Mattick P., Marx et Keynes, Gallimard.
Mattick P., Crises et théories des crises, Champ Libre.
Roelandts M., Dynamiques, contradictions et crises du capitalisme, Contradictions.

 LES TROIS PROCESSUS DE                         L'ACCUMULATION DU CAPITAL

                                       Corrigé pour Plus de clarté  :             

Le capitalisme est un système de production marchande basé sur le marché et

l´exploitation du salariat, dont elle est l’origine du profit appelé en économie la plus-value:

 Cv est le capital variable (la force de travail achetée, sa variation en nombre productif varie  tout le processus capitaliste)

Cc est le capital constant (machines, matières premières et bâtiment)

Pv est la plus-value qui est une valeur réalisée au-delà  des coûts de production  de la marchandise (généralement à 100%).

Ma: Marchandise sous forme d'argent, capital.

Mp: marchandise produite.

Ma': marchandise vendue, contenant Ma+∆Ma dont elle est la valeur réelle réalisée chez le capitaliste.
L´accumulation du capital  se déroule comme ce qui suit : 

a)      Dans le processus de circulation le capitaliste Ma (argent  Espèce)  achète les éléments indispensables à la production Cc et Cv sur le marché et passe au

b)      Processus de Production(Fabrication marchandise) Mp et retourne au

         Processus de circulation(argent des ventes)  avec Ma’  qui équivaut (Ma+∆Ma(argent), multiplie les activités commerciales en créant le  système de financement aux  reinvestissements,  à savoir Pvn

c)     le processus de  reproduction des rapports généraux de a), b)  (Reproduktionsprozess des Kapitals (Kritik der politischen Ökonomie : Karl Marx, tome III) donc :

Ma →Mp → Ma' d´ou Ma est la marchandise en argent investi dans un moyen de production, passe à travers le processus de  production et crée la marchandise  en produits Mp , celle-ci placée dans le processus de circulation (sur le marché), et réalise sa valeur,  dont elle est supérieure à celle qu´a été investie : donc sa valeur est Ma'=( Cck +Cvi)+Pvi. en réalisant la plus-value  qui s´exprime en Pv ou bien delta Ma, il y a un profit qui se répète qu'autant de marchandise produite, millions de fois par jour, résultat de la métamorphose du produit  et crée le profit des millionnaires à travers le 3. processus de reproduction:Ma'=(Cck +Cvi)+Pvi .....Ma''=(Ccn+Cvn )+Pvn ... ....en continu  et la plus value(n) est Pvn >= (Ccn +Cvn)       jusqu´à la prochaine crise qui ferait du Pvn <= (Ccn +Cvn).

La répétition de ces trois procédures Ma →Mp →Ma' forme l’accumulation du capital. Un modèle quantitatif parce qu’il a résolu le problème de quantité par concurrence, c´est ce qu´il force ce système à produire et reproduire d'avantage afin de pouvoir réduire au minimum les frais de production, un phénomène déterminant  sa survie à la concurrence des producteurs, ce facteur atteint ainsi la surproduction, ces phénomènes jouent le rôle conducteur inévitablement a des stagnations et a des crises économiques  cycliques.

 

Les déterminants du taux de profit et la crise qui vient

Comprendre la crise à venir revient donc à se plonger dans les multiples déterminants du taux de profit ainsi que dans le contexte socio-politique et économique qui l’accompagne pour en décrypter ses ressorts récurrents et singuliers.

Pour ce faire, et suivant en cela les raisonnements de Marx dans Le Capital, nous pouvons faire apparaître les deux déterminants essentiels du taux de profit (le taux de plus-value et la composition organique ) dans sa formule en divisant chaque terme de ce dernier par le capital variable  :
Taux de profit = Plus-value / total investi en capital constant et en capital variable =
PV / (CC + CV) = (PV/CV) / [(CC/CV) + (CV/CV)] =
Taux de plus-value / [composition du capital + 1]

Le graphique n°2 ci-dessous illustre cette variation du taux de profit en fonction de l’évolution respective du taux de plus-value et de la composition organique du capital : de 1951 à 1966, le taux de profit est à la hausse grâce à une diminution du dénominateur (la composition organique du capital) et une augmentation du numérateur (le taux de plus-value) ; il chute ensuite de 1966 à 1982 consécutivement à une inversion de tendance de ces deux composantes : une augmentation de la composition organique dès la fin des années 1960 et une diminution plus tardive du taux de plus-value après 1976. Enfin, depuis 1982, si le taux de plus-value se redresse tendanciellement, c’est à un double mouvement de la composition organique du capital que l’on assiste : en diminution jusqu’en 2000 et en augmentation entre 2000 et 2009. Controverses.

 

L’argent est aussi une marchandise comme toute autre, mais une super marchandise qui a la forme d’équivalence générale, elle s’échange contre tout, contre le bien et le mal, contre une villa comme contre l°achat de  toute une armée contre son peuple, d’un président et ses chiens de garde contre son  peuple, par conséquent, les perdants doivent vendre leurs biens, les gagnants comme les USA et l´OTAN meneurs de

l´esclavage massif en achètent ceux des autres ex: l’achat de la DDR ( Allemagne stalinienne ou  soi disant socialiste, plutôt capitaliste d'état) par la RFA en 1989, négocié entre Gorbatchev et Helmut Kohl, payée au comptant.

Notamment  les guerres sont à l'origine de la lutte pour

l´accumulation du seigneur capital, devenu ainsi le dieu des hommes, un proverbe arabe: "tu mets de l'argent sur le corps d´un mort, il te sourit" cela est une démonstration négative imaginaire qui explique le pouvoir suprême de la marchandise argent créée contre la puissance de son producteur, ce qui  garantit l´admission du principe de la loi de la valeur née à partir de l´activité du système d´échange, cette loi RÈGNE AU DESSUS DES HOMMES DE L´ÉGALITÉ ET LA FRATERNITÉ, voire

l´enrichissement froidement de quelques-uns au détriment de la majorité misérable: Les richesses s´accumulent dans les mains de ceux qui ont plus de froideur au pouvoir et donc

d´argent.

Par Ali Computer Sousse le 11.10.2012, en cas d´erreur veuillez signaler.

 

                    LES INTEMPERIES DANS LE CYCLE CAPITALISTE ACTUEL                     

        Les crises économiques du capitalisme sont une loi:

Où que l'on regarde, les nuages noirs s'accumulent à l'horizon. Ils arrivent de toutes part : d'Europe, des Etats-Unis, de Chine et d'ailleurs. L'économie mondiale pourrait tomber en récession dès 2013.

La crise de la zone euro s'aggrave

En dépit des récentes avancées du dernier sommet européen, les taux d'emprunt de l'Espagne et de l'Italie restent élevés (6,39% et 5,73% respectivement).

Les pays de la zone euro auraient besoin d'un euro faible pour amortir les effets de la récession et rendre les réformes budgétaires moins douloureuses. Mais la présence de l'Allemagne dans la zone monétaire alimente la force de l'euro et étouffe toute reprise économique de ses voisins.

Le tout sur fond de crise bancaire : les banques se replient sur leurs pays d'origine et les capitaux fuient de la périphérie et augmentent les risques de panique bancaire.

L'économie américaine s'affaiblit

Le PIB américain est en hausse de seulement 1,9% au T1 2012, contre +3% au trimestre précédent. En mai, l'économie américaine a créé moins d'emplois que le mois précédent.

L'accroissement de la dette va conduire le pays tout droit vers un nouveau conflit tragicomique sur le relèvement du plafond de la dette par le Congrès.

Pour assainir les comptes publics, le prochain président sera obligé d'augmenter fortement les impôts. Ce choc fiscal va refroidir la consommation, déjà faible.

La modèle chinois est à bout de souffle

Les investissements pèsent très lourd dans le PIB chinois, et ils sont en forte baisse. La consommation représente une part trop faible de la demande pour compenser. Pour aggraver le tout, la transition politique va ralentir ou reporter les réformes économiques.

→ Lire : 5 raisons de s'inquiéter pour l'économie chinoise

La crise des pays riches va contaminer les émergents

Les pays développés vont entraîner les pays émergents dans la crise, via leurs liens commerciaux. Le fameux découplage n'a pas eu lieu.

Le Moyen-Orient est une poudrière

De nombreuses tensions couvent depuis longtemps au Moyen-Orient (Syrie, Iran). Si les USA et Israël ne parviennent pas à dissuader l'Iran de se doter de l'arme nucléaire, une probable guerre en 2013 conduirait à un bond du prix du pétrole, puis à une récession mondiale.

Nos dirigeants n'ont plus de munitions

Les dirigeants, européens en particulier, ont grillé toutes leurs cartouches. En 2008, les pouvoirs publics avaient un peu de marge de manoeuvre, mais ils n'ont désormais plus aucun lapin dans leurs chapeaux. Les banques centrales ne peuvent plus baisser les taux d'intérêts, déjà proches de zéro.

Surendettés, les gouvernements n'ont plus les moyens d'utiliser la dépense publique pour stimuler l'économie. Quand bien même elles auraient les moyens, les politiques keynésiennes de relance de l'économie ne fonctionnent plus.

Laurent Curau     

Cet article de l´économiste mexicain qui sera un levier à l´économie africaine
Sommet de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures

La Chine dresse la table de l’ordre financier mondial

par Ariel Noyola Rodríguez

Au cours du premier sommet annuel de la BAII, la Banque Asiatique d’Investissement pour les Infrastructures qui a eu lieu à Pékin, les Chinois ont montré leur intention d’assumer le leadership mondial dans le domaine du financement des infrastructures. À la fin de cette année, il est probable que la BAII aura plus de 100 pays membres, ce qui lui permettrait de devenir la première institution de prêts multilatéraux, dans l’histoire, sous le contrôle des plus importants pays émergents. Cependant, on attend toujours qu’elle se décide à abandonner le dollar, parce que c’est la seule façon de briser enfin l’hégémonie des États-Unis sur la finance internationale.

Réseau Voltaire | Mexico (Mexique) | 14 juillet 2016
Deutsch  Español  русский  italiano  Türkçe  English 
+
JPEG - 55.5 ko

La Chine a déjà pris la tête — devant les États-Unis — dans la course au financement global des infrastructures. Les finances internationales sont en voie de transformation, en dépit de la forte opposition de la puissante tutelle états-unienne. L’année dernière, depuis Washington, de hauts fonctionnaires ont tenté de saboter le lancement de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures — la BAII — mais ils ont échoué.

En fait, ceux qui étaient soi-disant alliés dévoués du gouvernement des États-Unis, comme l’Allemagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni, ont pris, en fin de compte, la décision de se joindre à la nouvelle institution de prêts multilatéraux promue par Pékin. Le président Barack Obama ne pouvait pas concevoir que, en quelques mois, la BAII gagnerait le soutien de plus de cinquante pays.

Sans aucun doute, la Chine précipite le déclin US dans le monde entier. En avril 2015, Larry Summers, qui était secrétaire du Trésor sous le président Bill Clinton, a déclaré que la convocation réussie de la BAII a représenté l’un des épisodes les plus dramatiques pour l’hégémonie états-unienne : « On se souviendra du mois dernier comme celui du moment où les États-Unis ont perdu leur rôle de garant du système économique mondial » [1].

Pékin retarde l’offensive majeure contre le dollar

Cependant, jusqu’à présent la Chine a agi avec une extrême prudence. En conséquence, presque tous les pays du G-7 — l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni — ont salué le lancement de la BAII. Cependant, même s’il est vrai que l’extraordinaire capacité d’attraction de Pékin a miné l’influence de Washington dans le financement mondial des infrastructures [2], la BAII se retient de rejeter le dollar. Bien que beaucoup aient spéculé [3] sur le fait que les prêts de la BAII seraient libellés en yuans — ou peut-être en monnaies locales — à ce jour, leurs demandes ont été émises en monnaie US.

En outre, il faut noter que sur les quatre prêts approuvés cette année par la BAII, pour un total de 509 millions de dollars, trois d’entre eux sont liés à des projets d’investissement qui impliquent également des institutions de l’ancien ordre financier mondial, celles qui ont été construites à l’image de Washington après la Seconde Guerre mondiale. À mon avis, les Chinois veulent profiter des actions qui ont été investies dans la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement, ainsi que des excellentes relations qui ont été établies avec l’Europe.

À l’heure actuelle, la BAII finance un programme d’amélioration de l’habitat en Indonésie, avec la Banque mondiale, par le biais d’un prêt de 216,5 millions de dollars ; la construction d’une route au Pakistan, pour un coût de 100 millions de dollars, est réalisée en collaboration avec la Banque asiatique de développement et le Département pour le développement international du Royaume-Uni ; un prêt de 27,5 millions de dollars, financé par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, est utilisé pour la mise à niveau d’une route au Tadjikistan ; un prêt de 165 millions de dollars pour apporter l’électricité dans les zones rurales du Bangladesh est le seul projet que la BAII porte elle-même.

La Banque Asiatique a une vocation mondiale à investir dans les infrastructures

Malgré tout, la naissance de la BAII marque un tournant dans l’histoire des institutions multilatérales de crédit car elle est la première — en plus de la nouvelle banque de développement des BRICS — dans laquelle les économies émergentes sont les principaux actionnaires [4].

Les contributions économiques des trois puissances orientales des BRICS sont impressionnantes : la Chine est à 29,78 %, suivie par l’Inde avec 8,36 %, et la Russie troisième avec 6,53 %. En revanche, les vingt partenaires non régionaux contribuent au capital de la BAII pour seulement un quart des 100 milliards de dollars autorisés [5].

Dans un premier temps, la BAII a été conçue avec l’idée de fournir principalement un financement aux pays d’Asie, cependant, il semble que la Chine envisage de la transformer en une institution à vocation globale capable d’unir les aspirations de toutes les économies émergentes [6]. Dans cette perspective, à la cérémonie d’ouverture de son premier sommet annuel à Beijing en juin dernier, le président de la BAII, le chinois Jin Liqun, a annoncé qu’il envisage actuellement l’ajout de vingt-quatre autres pays [7].

En Amérique latine, le Chili, la Colombie, le Venezuela sont candidats. En Afrique, l’Algérie, la Libye, le Nigeria, le Sénégal et le Soudan ont présenté leur candidature. Il faut également souligner la candidature du Canada, qui, en collaboration avec le Mexique et les États-Unis fait partie de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). En Europe, Chypre, la Grèce et l’Irlande sont extrêmement intéressés. Si tout se passe aussi bien que jusqu’à présent, il est fort possible que d’ici la fin de cette année la BAII rassemble plus de cent pays membres [8], soit ont au moins 34 adhérents de plus que la Banque asiatique de développement, mais elle est encore loin d’atteindre les 183 adhérents de la Banque mondiale.

Opter pour un monde multipolaire

La BAII a de nombreuses tâches en suspens. En effet, bien qu’ayant enregistré des taux de croissance élevés du produit intérieur brut (PIB) au cours des deux dernières décennies, la région asiatique a échoué à mettre en place un système d’infrastructures de premier plan. Sultan Ahmed Al Jaber, qui est le ministre du gouvernement des Émirats Arabes Unis, a révélé que dans la région Asie-Pacifique près de 1 500 millions de personnes manquent d’installations sanitaires de base, 260 millions n’ont pas accès à l’eau potable et au moins 500 000 n’ont pas l’électricité dans leurs maisons [9].

En conclusion, le premier sommet annuel de la BAII a montré la détermination de la Chine à se faire entendre dans la « première ligue » de la finance internationale. Par son engagement dans la construction de la nouvelle « Route de la soie » [10], la BAII est un puissant contrepoids à l’influence géo-économique des États-Unis et du Japon dans la région asiatique. Toutefois, pour accélérer la construction d’un ordre mondial multipolaire, il est crucial que les gestionnaires de la BAII décident finalement d’abandonner le dollar, et surtout, ne renient jamais leur promesse d’améliorer les conditions de vie de l’humanité.

Ariel Noyola Rodríguez

Traduction
JJ
site : Le Saker Francophone

Source
Russia Today (Russie)

<:ver_imprimer:> Facebook Twitter Delicious Seenthis Digg RSS

[1] « Time US leadership woke up to new economic era », Lawrence Summers, Financial Times, April 5, 2015.

[2] « The AIIB : The infrastructure of power », The Economist, July 2, 2016.

[3] « China seeks role for yuan in AIIB to extend currency’s global reach », Cary Huang, The South China Morning Post, April 14, 2015.

[4] « Beijing, le crépuscule asiatique post-Bretton Woods », par Ariel Noyola Rodríguez, Réseau Voltaire, 11 novembre 2014.

[5] « Asian Infrastructure Investment Bank : Articles of Agreement », Asian Infrastructure Investment Bank.

[6] « President’s Opening Statement 2016 Annual Meeting of the Board of Governors Asian Infrastructure Investment Bank », Asian Infrastructure Investment Bank, June 25, 2016.

[7] « AIIB expansion plans underscore China’s global ambitions », Tom Mitchell, Financial Times, June 26, 2016.

[8] « AIIB will have 100 countries as members by year-end : Jin Liqun », Li Xiang, China Daily, May 31, 2016.

[9] « The AIIB has been designed to benefit all », Sultan Ahmed Al Jaber, China Daily, June 25, 2016.

[10] « China’s AIIB seeks to pave new Silk Road with first projects », Tom Mitchell & Jack Farchy, Financial Times, April 19, 2016

e

Argent public détourné par Ben Ali :

Les détails d’un gelé

 

 

Publié par Khalil Abdelmoumen le 23 juillet 2014 à 12:43

Ali Salah Ben Hadid, avocat qui a lancé le premier une action pour récupérer l'argent public détourné de la Tunisie

Ali Salah Ben Hadid, citoyen tuniso-algérien, a été le premier à lancer une action pour récupérer l'argent détourné par l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali. Plus de trois ans après le lancement de l'action en récupération, il nous confie, avec amertume, sa déception.  Les calculs politiciens ont, finalement, gagné.

 Ali Salah Ben Hadid est un ancien diplomate algérien auprès de la Communauté économique européenne (CEE / ancêtre de l'Union européenne), ancien journaliste du quotidien suisse 24h, fondateur du Forum économique maghrébin, et actuellement avocat international spécialisé en arbitrage et médiation.           [Interview de Khalil Abdelmoumen ]

 

Récupérer l'argent détourné,  stratégie et résultats (1) 

Vous avez mené une action pour la récupération des avoirs du clan Ben Ali. Où en êtes-vous arrivé ?

Je ne suis arrivé nulle part car il y a eu une sorte de queue de poisson. Les événements de la fuite de Ben Ali ont eu lieu le 14 janvier 2011. Le 17 janvier 2011, je me suis déplacé de Genève à Berne, avec un confrère suisse, pour demander le blocage des avoirs de Ben Ali et d'autres tenants du pouvoir. C'est ce qui a eu lieu. Quelques jours après, je se suis revenu en Tunisie pour élaborer une stratégie. Cette stratégie touchait non seulement la Suisse, mais six autres pays, à savoir l'Argentine, l'Angleterre, la France, le Liban, les Émirats arabes unis et probablement le Mexique.

Ce sont les pays les plus visibles. On peut recourir, cependant, aux services des sociétés d'investigation en Europe spécialisées dans la recherche des avoirs spoliés, et qui peuvent déterminer le montant et les différents pays où ils sont placés.

En quoi consistait votre stratégie ?

Brièvement, elle consistait à former une équipe de juristes et, parallèlement, de charger deux à trois diplomates pour être en charge de contacter les différentes juridictions et coordonner les efforts moyennant un communiqué trimestriel ou semestriel pour informer les Tunisiens et les autorités financières des étapes accomplies et des étapes restant à accomplir.

Où en est arrivé cette stratégie ?

J'ai été déçu à plus d'un titre. Tout d'abord, je n'ai pas trouvé des juges bien formés en matière financière. J'ai trouvé, aussi, que le choix des avocats à l'étranger était dicté par des considérations autres que l'efficacité ou l'expérience. Par exemple, en Suisse, l'avocat mandaté par la Tunisie n'est pas le meilleur en la matière. Troisièmement, j'ai remarqué une absence totale de cohérence entre la Banque centrale et les autres autorités concernées pour récupérer cet argent.

D'après les chiffres en votre possession, à combien se chiffrent les avoirs spoliés placés à l'étranger ?

Le montant est colossal. Je ne peux pas avancer un chiffre exact. En ce qui concerne la Suisse, au début, c'était de l'ordre de 622 millions de francs suisses (l'équivalent, actuel, de 1, 175 milliard de dinars, ndlr).

(1) Selon mes réflexions sur les gouvernements qui ont dirigé le pays depuis l´indépendance sont tous des êtres affamés  du pouvoir, et donc de la richesse, c'est ce qu' il a fait pousser tant d'éléments de forme et de contenu similaire, sauf au temps de Ahmed Ben Salah, ce gouvernement devait reproduire les cadres qui feraient de la Tunisie le merveille de l'Afrique, mais l'histoire  a été mal traitée, Ben Salah fut également,  de son environnement mal éduqué, mal traité sous le colonialisme et de la sainte organisation mondiale usurière (FMI) .   On a vu, on voit déjà les résultats d'un système économique qui ne tient pas seul debout, ou bien s'allier aux usurpateurs impérialistes, ou bien s'allier à ses voisins qui sont pour lui les plus proches: La réalisation le plus vite que possible, mais progressivement, la solution du Maghreb. Par Ali comput  

Maintenant, le chiffre s'est rétréci et a maigri, au fur des années, pour tomber à 60 millions (l'équivalent de 113 millions de dinars, ndlr), soit le un dixième du montant initial. Les autorités officielles suisses ont tout fait pour aider la Tunisie. Malheureusement, la première requête a été mal formulée à telle enseigne qu'elle a été refusée par la Suisse.

L'ambassade de Suisse a chargé, par la suite, des Suisses pour former des juristes tunisiens afin de représenter, de nouveau, la requête en question. Notre système judiciaire souffre de beaucoup de lacunes pour qu'il puisse affronter de pareilles difficultés d'ordre international.

Du côté des autorités financières suisses, à savoir les centres de décision bancaires, elles sont chevronnées dans l'utilisation des moyens dilatoires pour que l'argent reste le plus longtemps possible dans les banques suisses. Pour le banquier suisse, son véritable intérêt est entre les mains de Ben Ali ou de Sakhr El Materi et cie, et non pas entre les mains de la Tunisie. L'éthique n'a pas sa place dans le secteur financier car, comme on dit, « l'argent n'a pas d'odeur ».

De combien est le montant placé à l'étranger, sachant que des ONG avancent le chiffre de cinq milliards de dollars ?

Je pense qu'il y en a plus. A l'époque j'avais établi un tableau, mais comme je me trouve être déçu, par l’absence de cohérence et d'un travail méthodique, je me suis retiré. Si ma mémoire est bonne, entre l'argent de Zine El Abidine, de Leïla Trabelsi, de Sakhr El Materi, de Hayet Ben Ali, ça dépassait les cinq milliards répartis entre l'Angleterre, l'Argentine, l'Allemagne, la France, Monaco, et le Luxembourg.

Plus le temps passe, plus les chances deviennent minces pour récupérer cet argent vu qu'il existe des sociétés écran pour faire fuir l'argent et rendre le traçage difficile.

Par ailleurs, les autorités tunisiennes ne donnent aucune information concernant la progression des poursuites judiciaires, notamment en Europe où la justice européenne a décidé d'annuler le gel des avoirs de certains proches de Ben Ali. Le pouvoir tunisien était tellement noyé dans la politique politicienne qu'ils n'ont pas informé ni le peuple, ni les autorités judiciaires et financières concernées. D'ailleurs, qui est en charge de ce dossier ? Est-ce juste la Banque centrale ? Est-ce le ministère des Affaires étrangères ? Est-ce qu'ils ont élaboré une action coordonnée ?

Le pouvoir tunisien a, également, été débouté par la justice du Liban. J'étais le premier à savoir qu'il y a, au Liban, des comptes au nom de Leïla Ben Ali. On m'avait dit, aussi, sans que je puisse le vérifier, qu'il y a des comptes au nom de Mohamed Ben Ali, le fils de Zine El Abidine. De l'argent est également placé aux Émirats arabes unis. A l'époque, les autorités émiraties avaient envoyé à la Tunisie une correspondance lui faisant remarquer qu'elle n'avait formulé aucune demande officielle. C'est pour tout ça qu'il faut des experts en droit, en finances, et des diplomates pour qu'ils agissent continuellement, pas ponctuellement.

 « Les autorités officielles suisses ont tout fait pour aider la Tunisie»

 Concrètement, que doit faire l’État tunisien pour récupérer cet argent ?

Il faudra mettre en place une commission composée de juristes, financiers et diplomates, pour qu'ils s'éclairent mutuellement et contrôlent, notamment, les activités des avocats à l'étranger mandatés par la Tunisie. Les membres de cette équipe doivent être dynamiques en se déplaçant, par exemple, sur place et non pas suivre les méthodes classiques en se contentant des correspondances écrites, en retardant, ainsi, pour plusieurs années, le processus de récupération.

C'est pour cela que j'ai dit qu'il faut que la diplomatie s'active afin qu'elle sensibilise les autorités des autres pays. Il faudra penser, aussi, à renforcer l'équipe des avocats mandatés à l'étranger en fonction de critères précis, et ce, pour accélérer le processus de récupération.

Il ne faut pas faire preuve de complexe vis-à-vis des Occidentaux en laissant les avocats étrangers s'occuper de ce dossier sans que l’État tunisien ne mène aucun suivi ou contrôle. Cela accréditera la thèse du président de la République qui s'était permis de dire que la Tunisie n'a pas de bons avocats.

Est-ce qu'une telle stratégie sera suffisante ?

Il n'y a pas d'autres solutions. Nous avons, en face de nous, un système financier chevronné. Il faut harceler les banques où est placé cet argent. L’État tunisien doit, aussi, contrôler les avocats qu'il a mandatés, et leur mettre la pression. Il ne faut pas se contenter de ce qu'ils nous transmettent comme informations ou procédures. On est en train de subir leur rythme et leur bon vouloir. Avant de compter sur les autres, il faut compter sur nous-mêmes.

Manque d'expérience des autorités tunisiennes 

A votre avis, les autorités tunisiennes font-elles preuve de volonté et de sérieux pour récupérer cet argent ?

Le sujet n'est pas abordé avec le dynamisme approprié. Les causes sont le manque d'expérience, le manque de suivi, la politique politicienne et l'absence d'une autorité qui est spécialement chargée de ce dossier. De plus, 85 %, si ce n'est pas plus, des ministres de l'ancienne Troïka n'avaient pas le SMIC de la culture de l’État. Pour que les gens agissent, il faudrait qu'il y ait une solidité et une crédibilité. Il faudrait, aussi, qu'il y ait un gouvernement cohérent, chose qui n'existait pas.

Ce n'est pas avec vigilance, sérieux, un suivi assuré, et avec une méthode précise que le gouvernement a entamé la procédure de récupération.

Moncef Marzouki a cédé aux pressions

Est-ce que les autorités des autres pays collaborent assez avec leurs homologues tunisiennes ?

Les autorités suisses, par exemple, ne peuvent pas faire le travail à notre place. La collaboration dépend du dynamisme, du sérieux, du suivi et de la volonté ferme de l’État tunisien.

De plus, il faut faire une distinction entre les autorités financières suisses et les autorités officielles suisses.

Vous aviez rencontré, en 2012, le président provisoire de la République, Moncef Marzouki. Quel était le but de cette rencontre et les impressions qu'il vous a laissées ?

C'était dans le cadre de la création d'un tribunal spécial pour juger Ben Ali. Le président Moncef Marzouki avait montré beaucoup d'enthousiasme à cette idée-là. Au début, il m'avait appuyé, avant de céder, plus tard, aux pressions de son entourage, pour, finalement, me faire fausse route. D'ailleurs, je dois dire que je suis déçu par le président Marzouki. Je le vois plus dans l'habit d'un militant des droits de l'Homme que dans celui de président de la République.

En quoi consistait ce projet de tribunal spécial ?

L'idée consistait en l'établissement d'un tribunal spécial en Tunisie composé d'éminent juristes tunisiens et internationaux. Pour cela, j'avais contacté Mohamed Bedjaoui, ancien président de la Cour internationale de Justice, Robert Badinter, ancien ministre français de la Justice, Roland Dumas, ancien ministre français des Affaires étrangères, Chérif Bassouini, un éminent juriste international installé à New York, William Bourdon, un avocat français, etc. Côté tunisien, les seules personnalités que j'avais proposées étaient Samir Annabi et Yadh Ben Achour, alors que le président Marzouki devait en choisir le reste.

Marzouki était très enthousiaste pour la création de ce tribunal. Il tenait, absolument, au jugement de Ben Ali, d'autant plus que ce jugement nous permettait d'avoir une carte maîtresse pour faire pression sur l'Arabie Saoudite afin qu'elle extrade l'ancien président conformément à la convention de Riyadh(convention de coopération judiciaire, signée le 6 avril 1983 par les ministres arabes de la Justice, ndlr), ou qu'elle restitue l'argent que le gouvernement tunisien réclame à Ben Ali.

Malheureusement, Moncef Marzouki, semble-t-il, a subi des pressions d'ordre intérieur, pour que ce tribunal ne voit pas le jour, à telle enseigne qu'il n'aborde plus ce projet, même lorsqu'il avait visité l'Arabie Saoudite. Par ailleurs, il a contacté, à mon insu, Mohamed Bedjaoui pour l'informer que ce projet était reporté, alors qu'il devait m'en informer personnellement. Il n'a pas daigné, ainsi, me contacter et m'expliquer pour quelles raisons s'est-il, tout d'un coup, désisté. Pour ne pas dire aux personnalités, que j'avais contactées, que notre président n'était pas sûr de lui-même, j'avais du invoquer d'autres raisons pour expliquer le report de ce projet.

Ben Ali, l'homme des dossiers

Quelles sont les raisons qui l'ont poussé à reculer ?

Je pense qu'il a subi des pressions. Tout le monde ne voit pas d'un bon œil le jugement de Ben Ali en Tunisie. Ben Ali est l'homme de dossiers et va, certainement, en divulguer, notamment ceux concernant certains événements cachés. Cela sera contre les intérêts et les ambitions politiques de certaines personnes.

Le président Marzouki n'avait pas peur de cela, mais d'autres personnes ont exercé des pressions sur lui pour qu'il fasse machine arrière. Je dois dire qu'autant Moncef Marzouki est un homme intelligent et d'un culture certaine, autant il est impulsif, instable dans ses idées et, donc, influençable par son entourage immédiat. J'ai pu vérifier cela  par moi-même, et je l'évoquerai le jour venu, moyennant des preuves.

Lors d'une visite en Suisse, le président Marzouki avait dit que la Tunisie était un petit pays qui ne disposait pas de bons avocats et de bons experts pour des affaires de ce genre.  Quel commentaire en faites vous ?

Nous avons des avocats tunisiens et maghrébins qui sont de renommée internationale. Je trouve, pour le moins, déplacé, pour ne pas dire indécent, qu'un président déclare de pareils propos en dehors de son pays. Cela veut dire qu'il n'a pas la notion de l’État. C'est, également, une insulte. Le linge sale doit être lavé en Tunisie, non pas à l'étranger. Ça rentre dans son caractère impulsif. Un président de la République représente, à l'étranger, tout ce qui est positif dans ce pays.

Concrètement, quels efforts a-t-il déployé sur ce dossier-là pour pouvoir dire cela? Combien de son temps a-t-il consacré ? Quelle est l'énergie qu'il a investie ? Quelle équipe a-t-il constitué, à la présidence, rien que pour ce dossier ?

« Gouvernement Mehdi Jomaa : Silence radio »

Pensez-vous que le gouvernement Jomaa avance bien sur ce dossier ?

Jusqu'à présent il n'a pas déclaré qu'il avait investi l'énergie nécessaire pour ce dossier. A ma connaissance, il n'a évoqué cela nulle part.

Existe-t-il des pays  qui se trouvent dans le cas de la Tunisie et qui ont réussi à récupérer l'argent spolié ?

Le Nigeria a réussi à récupérer une partie des avoirs du dictateur Sani Abacha. La République démocratique du Congo (RDC) a récupéré, aussi, une partie de l'argent de Mobutu Sesse Seko. Ces quelques pays se sont vus restitué, toujours, une partie, et jamais la totalité, de l'argent. Oubliez cela !

La Tunisie doit-elle faire une croix sur cet argent ?

Si on change de méthode, et qu'on établit une stratégie, on pourra raccourcir le temps, donc, gagner de l'argent. En tout état de cause, ça sera minime par rapport au montant global.

Plus le temps passe, plus on perd de l'argent. Ça sera, aussi, difficile d'effectuer le traçage des avoirs placés à l'étranger.

 

09/08/2012 16:34    

Tunisie – Le déficit commercial se creuse davantage

et atteint 6,3 milliards de dinars

L'Institut national de la statistique (INS) vient de publier les chiffres relatifs au commerce extérieur pour les sept premiers mois de 2012 en comparaison avec ceux de la même période en 2011 et 2010. La balance commerciale extérieure de la Tunisie pour juillet 2012 est déficitaire. Elle enregistre un solde de -6.366,4 millions de dinars (MD) (- 4.136,2 en 2011 et  - 4.888,1 en 2010), soit une perte de 2.230,2 MD par rapport à 2011 et de 1.478,3 MD par rapport à 2010. Le taux de couverture a reculé de 7,4 points évoluant de 78,4% à 71% par rapport au même mois en 2011 et de 2,6 points par rapport au même mois en 2010.
Ainsi, les exportations sont passées de 15.014,3 à 15.575,5 MD, soit une augmentation de 3,7%. Les importations ont évolué de 14,6%, passant de 18.515,8 à 19.150,5 MD. 
Au niveau des produits, la plus importante variation est signalée dans le secteur des biens de consommation. Le solde évolue de 883,6 MD à -28 MD, soit une perte de 911,6 MD. Ainsi, le taux de couverture passe de 119,6% à 99,5%.
Par ailleurs, on note une perte de 471,7 MD concernant le solde énergétique du pays. Il est passé de -531,4 à -1003,1 MD, atteignant un taux de couverture de 71% alors qu’il atteignait les 79,1% en 2011.
Concernant le régime général, les exportations ont augmenté de 12,9% alors que les importations ont évolué de 23,7%. Le solde est passé de -7.414,3 MD à -9.717,1MD pour un taux de couverture régressant de 40,5% à 37%. 
Pour le régime off shore, le solde passe de 3.278,1 MD à 3.350,7 MD, alors que le taux de couverture a augmenté, passant de 149% à 151,4%.

  I.N  Busnes news,     

   VOIR Riadh SIDAOUI: Situation tunisienne http://www.youtube.com/watch?v=Km8PYUM1eIA

 

Les contradictions du système mercantiliste

Comment la DEMOCRATIE terrasse même sa propre loi quand le processus d’accumulation du capital est freiné, l’application  des lois sociales soumises à celle de la VALEUR, opposée à  l´origine de la loi qui réglementait la vie sociale, deux lois en contradiction résultant à la domination de la valeur, poussant le pouvoir mercantiliste dans l´anarchie, devenue suprême en l´occurrence de la violence du marché auquel les populations du monde capitaliste s´adaptent à ses réglementations asociales, froides  et totalitaires au fil des années d´exploitation et d´appaisement.

Le système économique mercantiliste se généralise tout en maîtrisant toutes les resources nécessaires à sa reproduction à l´échelle infinie, à sa circulation du marché, réalisant les guerres sans fin pour se rajeunir, c´est la course au profit des besoins sociaux.

La loi de la valeur est donc une loi comme celle de la physique, elle s´établit et s´applique au sein de toutes activités humaines: Elle dicte nécéssairement au vendeur, ou bien il vise le maximum de bénéfice froidement, sans sentiments, ou bien son capital baisse.

Pour ne pas perdre, tout commerçant fait intervenir la démocratie représentante de toutes les conditions du développement du mécanisme mercantile, Exp: Pourquoi l´Europe est plus développée que l´Afrique du nord, malgré notre réputation de la haute civilisation Arabo-musulmane sur laquelle repose la renaissance: Les lois de l´Islam ne favorisent pas le malheur mercantile: elles interdissent les bénéfices dépassant le 25 %, l´enrichissement sans fin.  

L esclavage moderne des salariés (Le Prophète disait: paye le travailleur avant que sa sueur sèche, cela veut dire le refus des rapports capitalistes)  voulant dire n´investis pas encore les conditions de vie du travailleur dans ton capital: capital social de 200 Mille, il fait du profit sur les produits vendus  et utilise les salaires des travailleurs maintenus 35 jours (capital fixe+capital salarial qui représentent les conditions de reproduction de la force de travail que le capitaliste s´approprie.EXP:100 travailleurs à 15 DT/j=1500 DT/j,  x 26 jours =39 000 DT travaillant avec pendant 35 j , donc le capital investi au départ devient 200 000 +39 000=239 000 DT sans compter le profit.

un capital dépassant son investissement initial et augmente mensuellement:

Capital fixem+capital salarialn+plus valuen= la valeur de la marchandise produite et vendue.

Donc les salaires des travailleurs font partie du capital actif, qu´on appelle "capital variable, il varie selon le nombre de travailleurs.  Objectivement Le capital appartenant réellement au Patron n´est que le capital relativement constant 200 000 DT,  et donc pas celui des salariés de 39 000 DT, mais juridiquement les deux parts appartiennent au patron, le calcul des investissements est en générale clair et doit représenter après 10 ans l´amortissement total des 200 000 DT, le capitaliste s´approprie après 10 ans du capital initial et de celui qu´a créé la main d´oeuvre au dessus des 200 000 DT, ce qui pourrait s´élever à dix fois le capital variable  39 000 DT s'ajoutant au capital fixe 200 000 DT.

L´origine des supporters de la loi de la valeur contre la loi sociale sont les occidentaux, l´église est la plus grande propriétaire foncière, périodes de crises et de stagnation du marché ( en hiver), elle crée de multiples fêtes pour animer le flux mercantiliste, à la fin de chaque année, Noêl bat le record du chiffre d´affaire de toute l´année, grâce à la liberté des commerçants basée sur le profit des besoins que la loi de la valeur impose avec ampleur , une vie de frottement et d´usure humaine dont le résultat a toujours abouti à la guerre qui terrasse toute les lois de la démocratie ( La guerre du pétrole arabe est l´affectation de violence extrême de la charte des nations sur la souveraineté de chaque pays) afin de relancer ce processus de reproduction anarchique capitaliste totalitaire,´  

De la mystification à la violence politique: Ce scénario s’est fait réaliser aussi en Iraq : "Les armes de destruction massive" fut propagées d´abord dans les médias, ensuite El Qaida, en Afghanistan, L’histoire de fée du Zarkaoui qui a combattu les US, Ben Laden acteurs ? tout fonctionne  tant que les pays du golf ne se sont pas libérés de leurs maitres esclaves américains.

La guerre du pétrole :

IRAQ :  L’engagement des opérations militaires ont été ces dernières années massives contre les pays arabes et musulmans, de l’Irak au Soudan, de la Libye à la Syrie, de l’Afghanistan au Mali, Liban tomberait dans leurs mains après la chute ciblée du gouvernement Syrien, ce qui est impossible  . Ce recours à la force n’a pas été dûment autorisé par le Conseil de sécurité des Nations Unies, mais cette violence militaire de l’OTAN et d’israel ne requièrent pas de la légalité internationale, car il s’agit d’un recours à la force qui ne  remplit pas les conditions de la légalité et de la légitimité tant souhaité par  le système capitaliste collectif  qui s’est doté d'une armée internationale et non la communauté internationale.. Le gouvernement Irakien constitue un précédent d’une gravité stratégique désastreuse dans  ses relations inter-arabes et internationales et facilite aux forces de l´OTAN les installations et invasions militaires partout où ils devraient chasser le "terrorisme" qu´ont constitués - une chanson américano-sioniste qui est née depuis la guerre de six jours 1967 devenue la philosophie d´une stratégie israélienne créant la tension dans toute la région, une base pour leurs attaques de destructions massives aux palestiniens armés a coups de pierres, c'est aussi un moyen de "la liberté aux israéliens".

Ali Computer 27.09.2012

» Ce développement grave s’oppose au règlement pacifique de la crise auquel ont appelé l’Union africaine, l’Union européenne, le Sommet Afrique-France, celui du Mouvement des pays non-alignés ainsi que ceux de la Ligue des États arabes et de l’Organisation de la conférence islamique. Ces mêmes instances qui ont également mis leur autorité politique et morale au service de la poursuite des inspections internationales, en faveur d’une coopération accrue de l’Irak, ont toutes souligné la nécessité impérative du respect, par toutes les parties, de la légalité internationale ainsi que du cadre des Nations Unies.

Le déclenchement des hostilités armées contre l’Irak prend la signification d’une guerre dont les objectifs vont manifestement au-delà de la résolution 1441 du Conseil de sécurité des Nations Unies.

L’Algérie qui s’est investie en 2003 dans une action persévérante à la promotion d’une solution pacifique conforme à la légalité internationale, déplore l’interruption des efforts diplomatiques et le lancement de frappes militaires contre l’Irak. Elle appelle à la cessation immédiate des actes de guerre et au retour aux moyens pacifiques de règlement des conflits.

En cette conjoncture périlleuse pour l’Irak et dangereuse pour la région dans son ensemble, l’Algérie réaffirme l’exigence du strict respect de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la République irakienne. Elle assure le peuple irakien frère de sa solidarité naturelle dans la terrible épreuve qui lui est infligée. » Réseau Voltaire.

Tunis-Investissements dans les régions : Des chiffres en berne ! 

 

 

3-08-2014-20:10 : 
AfricanManager

Les chiffres relatifs à l’investissement régional, une des principales revendications de la Révolution, demeurent en berne. Trois ans après la Révolution, le secteur peine à renouer avec la reprise, comme en témoignent les derniers chiffres rendus publics récemment par l’agence de promotion de l’industrie (API). En effet, les six premiers mois 2014 ont été caractérisés par une baisse au niveau de l’investissement déclaré dans les zones de développement régional de 49,9% avec 680,8 MD contre 1358 MD lors des six premiers mois 2013. La part de ces zones dans l’ensemble des gouvernorats est passée de 63% à 54,5% durant les six premiers mois 2014.

La baisse ainsi enregistrée au niveau des investissements déclarés dans les zones de développement régional est imputable essentiellement au gouvernorat de Sidi Bouzid dont les investissements ont atteint 51,6 MD, contre 569,7 MD en 2013. De même, les investissements déclarés dans le gouvernorat de Zaghouan ont diminué de 250,3 MD à 96,8 MD.

C’est le cas aussi des investissements déclarés dans le gouvernorat de Béja qui sont passés de 76,1 MD à 32,7 MD, particulièrement suite à la déclaration lors des six premiers mois 2013 de la création d’une unité de production d’amidon et de glucose pour un montant de 26,7 MD et à la déclaration de la création d’une unité de fabrication de médicaments pour un montant de 10 MD.

Aussi, les investissements déclarés dans le gouvernorat de Kasserine ont diminué de 47,5 MD à 40,1 MD, particulièrement suite à la déclaration durant les six premiers mois 2013 de la création d’une briqueterie pour un montant de 10 MD.

Ont également baissé les investissements déclarés dans le gouvernorat de Siliana qui n’ont pas dépassé 14,1 MD contre 49,6 MD au cours de la même période de 2013, durant laquelle ont été enregistrées la déclaration de la création d’une unité de mise en bouteilles d’eau minérale pour un montant de 5,5 MD et la déclaration de la création d’une unité de fabrication de coffres pour un montant de 5 MD.

Contrairement à ces régions, d’autres gouvernorats ont enregistré une évolution des investissements déclarés au cours des six premiers mois 2014 comme les zones de développement régional du gouvernorat de Gabes dont les investissements déclarés sont passés de 4.5 MD à 72.0 MD durant les six premiers mois 2014.

Le gouvernorat de Tozeur également avec un volume d’investissement déclaré de 34,8 MD contre 15,8 MD suite à la déclaration de la création d’une unité de fabrication de panneaux en fibres de bois pour un montant de 8,9 MD, et celui de Gafsa avec des investissements de 38 MD contre 20,8 MD suite à la déclaration de la création d’une unité de construction métallique et mécanique pour un montant de 14 MD.

Il en est également ainsi des zones de développement régional du gouvernorat de Bizerte avec des investissements de 35,6 MD contre 12,1 MD particulièrement suite à la déclaration de la création d’une unité de fabrication de couches pour bébés pour un montant de 8,3 MD.

En outre, le nombre de projets bénéficiaires de la prime d’investissement au titre du développement régional est passé de 144 (pour un investissement total de 461,5 MD) à 131 projets (pour un investissement total de 133,3 MD) durant les six premiers mois 2014.

Ces projets vont permettre la création de 3905 postes d’emplois, contre 4952 postes d’emplois en 2013. La prime d’investissement accordée a atteint 20,6 MD contre 35.3 MD au cours de la même période de 2013, soit une baisse de 44,5%.

Kh.T

Tunisie : Le rôle de la dette extérieure en Tunisie, a tout ou handicap ?

Tunisie : le rôle de la dette extérieure en Tunisie, atout ou handicap ?
Fathi Chamkhi

08 Mar 2011
   

La dette extérieure a commencé peu après l’indépendance en 1956 |1|. Par son ampleur et ses multiples implications économiques, politiques et sociales, elle est devenue une donnée incontournable de la réalité tunisienne. Est-elle, comme elle est supposée l’être, un outil majeur de financement du ‘développement économique et social’ des pays du Sud, en l’occurrence la Tunisie ? Ou bien, au contraire, un mécanisme financier de transfert de valeur ajoutée locale vers le capital mondial ?

<img295|center></img295|center>

 

I. DETTE ET DEVELOPPEMENT

- 1. Le cercle vicieux de la dette

Les emprunts et les crédits publics extérieurs sont supposés pallier l’« insuffisance structurelle de l’épargne locale ». Autrement dit, l’Etat tunisien ferait appel aux emprunts extérieurs afin de financer le développement et la modernisation du pays, c’est-à-dire : l’aménagement du territoire national, l’investissement dans les secteurs économiques stratégiques, l’amélioration de l’enseignement et du système de santé publics et le financement de la recherche scientifique et de la culture, l’instauration de l’Etat de droit et l’accessibilité pour tous à la justice, le financement de la protection de l’environnement, etc.

L’accumulation des emprunts et des crédits, depuis la fin des années 50’, constitue ce que nous appelons la dette extérieure. Dans une première phase, qui s’étendait jusqu’à la fin des années 70’, la dette ne générait pas une charge de paiement excessive pour les pays en développement, du fait de la faiblesse des taux d’intérêts et de conditions de prêt assez ‘généreuses’ à cause de la surliquidité qui caractérisait les marchés financiers. Cette situation, plutôt favorable, était en même temps un argument de taille pour persuader les gouvernants du Sud à engager de gros investissements d’infrastructures financés par les emprunts et les crédits extérieurs.

La nouvelle donne de la dette, qui a émergé au cours des années 80’sous l’effet du nouvel ordre capitaliste mondial, se caractérise par un alourdissement notable de sa charge, à tel point que la plupart des Etats du Sud ont eu beaucoup de difficultés pour assurer le paiement du service de la dette. En fait, la mondialisation capitaliste néolibérale, qui a précipité la chute des modèles de développements postcoloniaux, a permis aussi de mettre à nue la vraie nature de la dette, en tant que mécanisme financier de pillage des ressources des pays du Sud. La réponse du capitalisme mondial, à cette crise de la dette, fut la soumission des pays du Sud à des Programmes d’ajustements structurels (PAS). En Tunisie, la combinaison de cette crise avec celle du régime d’accumulation postcolonial a poussé l’Etat, à son tour, à adopter le PAS en 1986. La sortie de crise que proposait le PAS supposait le maintien de la Tunisie dans le système de la dette, ce qui nécessitait la restructuration de l’économie locale et la réorganisation du budget de l’Etat en vue d’accroître ses recettes pour permettre l’affection d’une partie au paiement du service de la dette extérieure.

- 2. Une charge financière qui s’alourdit

L’endettement total de la Tunisie a atteint 65,5 |2| milliards de dinars (MD) |3| en 2008, ce qui représente 130% du PIB. La dette se répartie à hauteur des ? en dette interne (65%) |4| et ? en dette externe (35%). La dette de l’Etat représente 40,5% de l’endettement total du pays ; 23,8% de l’endettement intérieur et 78,6% de l’endettement extérieur. Cette situation reflète bien le poids de l’Etat dans l’économie tunisienne.

Par ailleurs, la dette extérieure totale (long, moyen et court termes) s’élève, en 2008, à plus de 27 MD |5| ; soit un taux d’endettement par rapport au PIB de 53,6%, contre 58,3% en 1986. Depuis cette date, le PIB nominal a été multiplié par 7 et l’encours de la dette par 6.4 ; le premier à crû de 7,2 MD à 50,4 MD, et le second de 4,2 MD à 27 MD. Une part importante de l’encours de la dette est le fait de l’Administration publique (67,5%) et des entreprises publiques (24,4%), tandis que la part qui revient aux entreprises privées se limite à 8,1%. L’Etat est donc le principal promoteur de la dette extérieure.

Ensuite, l’évolution de la structure de l’encours de la dette externe selon la nature du bailleur de fonds, depuis 1995 |6|, montre un net raffermissement de la part des bailleurs privés. En effet, la part relative revenant aux marchés internationaux de capitaux a progressé de 9,6% en 1995 à 31,5% en 2008. Dans le même temps, le stock revenant à des sources publiques a reculé de 90,4% à 68,5%. A cela s’ajoute la progression assez nette des emprunts à court terme dont la part est passée de 10%, de l’encours de la dette extérieure totale, en 1995 à 21% en 2008. Cette évolution confirme la détérioration tendancielle des termes de l’endettement extérieur de la Tunisie.

De plus, cinq bailleurs de fonds détiennent à eux seuls plus de 76% de l’encours de la dette à MLT |7| en 2008, ce sont respectivement : les marchés financiers (31,5%), l’Etat français (13,9%), la BEI |8| (11,1%), la BAD |9| (10,5%) et la BM |10| (9,1%).

- 3. La dette, un outil de pillage des ressources locales

De 1990 à 2008, la somme totale des emprunts à MLT reçue par la Tunisie a atteint 33,6 MD. Dans le même temps, la somme totale du service de la dette qu’elle a remboursé s’est élevée à 38,5 MD. En conséquence, le solde des entrées nettes de capitaux d’emprunts à MLT |11| fait apparaître un transfert total net négatif de 4,9 MD, presque autant que l’encours de la dette en 1990 et une fois et demi celui de 1984 |12|.

Comme nous le constatons, la Tunisie rembourse plus qu’elle ne reçoit au titre de l’emprunt extérieur. Elle est donc exportatrice nette de capitaux d’emprunts. C’est bien elle qui finance l’extérieur et non pas le contraire. Autrement dit, les nouveaux emprunts sont réorientés vers le remboursement des emprunts antérieurs, et non pas pour financer le développement. Dès lors il apparaît clairement que les emprunts et les crédits publics extérieurs ne servent ni à développer l’économie, ni à la création d’emplois, ni à l’amélioration du niveau de vie des tunisiens, ni encore à la sauvegarde de l’environnement, etc.

En conséquence, en plus de la totalité des emprunts et des crédits nouveaux qui est, de fait, redirigée vers le paiement du service de la dette, une partie des recettes de l’Etat est affectée au paiement de ce même service.

II. UN PAIEMENT QUI POSE PROBLEME

- 1. Combien coûte le paiement du service de la dette

En 2008, le service de la dette extérieure a atteint 2,6 MD (¾ en capital et ¼ en intérêts). A titre de comparaison, le budget public total (gestion et équipement) de l’enseignement (base, secondaire, supérieur, recherche scientifique et formation professionnelle) s’élève à de 3,1 MD, celui de la santé à 0,74 MD. De 1990 à 2008, le service de la dette a engloutit plus de 38,5 MD. Cependant, malgré cette hémorragie, l’encours de la dette a été multiplié par 3,7 au cours de cette même période, et plus de dix sept fois depuis 1980.

Le ratio du service de la dette par habitant est un indicateur pertinent du « poids social » de cette charge. Ce ratio est passé de 137 dinars en 1990 à 383 dinars en 2006, avant de baisser à près de 250 dinars en 2008. Cette baisse significative de ce ratio fait suite à deux remboursements anticipés, en 2006 et 2007, de 770 millions de dinars (près du dixième de service de la dette). Ces remboursements ont été rendus possible à la suite, notamment, de la privatisation partielle de Tunisie Télécom, qui reste, à ce jour, la plus importante opération de privatisation jamais réalisée. Ceci étant dit, la charge par habitant du service de la dette pèse, en 2008, près de deux fois plus lourd qu’en 1990. Au cours de la même période, le PIB par habitant (à prix courants) a été multiplié par seulement 5,5 ; de 980 dinars à 5367 dinars. En détournant une partie du revenu intérieur, le mécanisme de la dette extérieure prive la Tunisie de ressources rares dont elle a grandement besoin pour soutenir son effort de développement, notamment, en ce qui concerne l’amélioration de son ‘capital humain’ que la politique néolibérale prétend optimiser.

Rapporté au montant de l’investissement public, le service de la dette nous montre dans quelle mesure ce dernier détourne les ressources financières publiques de l’investissement productif vers le capital extérieur. Le ratio |13| ainsi obtenu confirme la tendance observée ci-dessus ; ainsi la part du service de la dette par rapport au montant de cet investissement a augmenté de 2,5 en 1986 à 4,2 en 2008. En d’autres termes, le service de la dette coûte plus de 4 fois l’investissement public total.

Les dépenses publiques de santé |14| en pourcentage du PIB, ont baissé de 2,3%, en 1995 à 1,4% en 2008. De même que par rapport aux dépenses totales de l’Etat, les dépenses de santé ont baissé, en part relative, de 5,7% en 1995 à 5,2% en 2008.

Le service de la dette rapporté aux dépenses publiques totales de santé nous renseigne sur le poids qu’il représente par rapports aux sommes allouées à la santé publique. Le ratio |15|] que nous obtenons montre une progression significative du poids du service de la dette. En effet, ce ratio a augmenté de 3,753 en 1995 à 5,588 en 2008. Autrement dit, le service de la dette coûte au peuple tunisien l’équivalent de 5,6 budgets de la santé chaque année.

La part relative des dépenses publiques totales |16| pour l’éducation |17| par rapport au PIB, a légèrement baissé en 2008 (6,3%) par rapport à son niveau de 1995 (6,7%). Cette baisse est d’autant plus significative du processus de désengagement de l’Etat d’un secteur aussi stratégique, qu’elle s’est accompagnée d’une augmentation de la taille de la population scolarisée de 5,7%, et d’un triplement de l’effectif total des étudiants.

- 2. Mobilisation de nouvelles ressources pour le paiement de la dette

Le paiement du service de la dette coûte de plus en plus cher, malgré une note de frais déjà assez lourde. Pour assurer la pérennité du paiement, l’Etat n’a d’autres choix que de s’endetter davantage, comme le prouve l’augmentation du rythme moyen annuel, des emprunts et crédits nouveaux, de 1,4 MD, durant les années 90’, à 2,7 MD au cours des années 2000. Cependant, malgré cette hausse sensible du rythme de l’endettement nouveau, l’on reste en dessous du compte, comme l’atteste le creusement du déficit des transferts nets de capitaux à MLT qui a atteint plus de 4,5 MD, de 2005 à 2008.

La politique d’austérité budgétaire, malgré son maintien depuis plus de deux décennies et son durcissement, ne permet plus, non plus, à garantir le paiement du service de la dette. D’où la nécessité de mobilisation de nouvelles ressources de financement et de réactiver certaines autres. C’est pour faire face à une telle situation que l’Etat a décidé, à partir de 1998, d’étendre le champ d’application du système des concessions et de restructurer le système fiscal. Dit autrement, il faut emprunter davantage, comprimer les dépenses sociales et trouver de nouvelles sources de financement.

D’une part, La réorganisation du régime fiscal a permis à l’Etat, de compenser le manque à gagner du fait de l’affaiblissement des ressources rentières, pour faire face à l’augmentation du service de la dette.

Concernant les ressources non fiscales, celles-ci ne constituent plus que près de 12% des recettes ordinaires du budget de l’Etat en 2008, contre 29,6% en 1984. Ces ressources provenaient pour près de 60% de l’exploitation du pétrole. Il s’agit ensuite des recettes fiscales provenant des impôts indirects liés aux importations. Rapportés aux recettes fiscales totales, ces droits et redevances douanières ont baissé de 22,8% en 1995 à 12% en 2000 et 5,4% en 2008, suite au démantèlement tarifaire |18| exigé par l’Accord d’association euro-méditerranéen entre l’Union Européenne et ses Etats membres, d’une part, et la Tunisie, d’autre part.

Les recettes fiscales représentent de 87% des recettes ordinaires du budget de l’Etat en 2008, contre 73% en 1984. Ces recettes fiscales accablent tout particulièrement les salaires et les revenus des classes populaires. D’abord par le biais des impôts directs qui représentent désormais plus de 37% des recettes ordinaires contre moins de 20% en 1984. Les salaires contribuent à hauteur de 35,2% à l’impôt direct, alors qu’ils reçoivent moins du ? du PIB. Dans le même temps, les profits des sociétés privées contribuent à hauteur de 46% à l’impôt direct, tout en recevant plus de 50% du PIB.

Entre 1995 et 2008, alors que le PIB nominal a été multiplié que par 3, les recettes fiscales, au titre de l’impôt direct, ont été multipliées par 5,7 : leur valeur est ainsi passée de 0,8 à 4,5 MD. Cela nous éclaire sur ce processus d’effritement du pouvoir d’achat des salaires, dont la mesure où ils contribuent largement dans les recettes fiscales. En effet, l’impôt moyen sur les salaires a progressé de 8,2% en 1995, à 10,1% en 2000 et à 11,1% en 2004 |19|.

Les impôts indirects contribuent à hauteur de 50% dans les recettes ordinaires. Ce taux n’a pas beaucoup varié depuis la moitié des années quatre vingt. Ils sont alimentés grâce, notamment, à la TVA et aux droits de consommation |20|. Ceux-ci touchent essentiellement les classes populaires, beaucoup plus que la minorité riche. Leur poids relatif reste excessivement élevé, ce qui traduit la nature sociale injuste du régime fiscal tunisien.

D’autre part, les privatisations ont débuté, assez timidement, à partir de 1987, avant de prendre leur véritable envol depuis 1998. Au 1er janvier 2010, 219 entreprises publiques ont été privatisées, dans le même temps cinq concessions ont été accordées, le tout pour un montant global de près de 6 milliards de dinars |21|. 116 entreprises ont été totalement privatisées, 29 l’ont été partiellement et 41 autres ont été liquidées. Les privatisations ont touché tous les secteurs de l’économie. En termes de valeur : le secteur des services est le plus concerné avec 81,4% de l’ensemble, puis l’industrie avec 17,9% et l’agriculture et la pêche avec une part de 0,7%.

Les privatisations ont touché, notamment, les télécommunications (62,6% des recettes totales) surtout la cession de 35% du capital de Tunisie Télécom et de la vente de deux concessions de téléphonie. Ensuite, le secteur des matériaux de construction (14%) concerné par la cession de 4 cimenteries à des sociétés européennes, le secteur financier (banques et assurances 7,7%) et le tourisme (6%).

La politique de privatisation a permis, au bout de deux décennies, le rachat par le capital international de pans entiers de l’économie locale, dans les secteurs de l’industrie et des services. En effet, la part de ce capital dans le produit total des privatisations est de 87% (5,2 MD). Cette politique, aux conséquences décisives sur l’avenir de la Tunisie, a été adoptée et mise en pratique en dehors de toute consultation démocratique. Ses mécanismes et les procédures de sa mise en œuvre sont des plus opaques et échappent à tout contrôle démocratique, ouvrant la porte à des pratiques suspectes et spéculatives.

En plus des privatisations, l’Etat a donc mis en place une nouvelle source de financement qui porte sur l’octroi de concessions dans des activités stratégique : télécommunications, production d’électricité, transport aérien et routier. Il s’agit de la formule B.O.O, |22| qui s’ajoute au système de concessions dans le domaine des hydrocarbures qui est en pleine croissance ces dernières années. Cette nouvelle manne permet à l’Etat, à la fois, de délester son budget de l’investissement nécessaire pour tel ou tel équipement lourd, au profit d’un investisseur étranger, tout en réalisant un surplus de revenus non négligeable.

Le produit total des privatisations et des concessions représente 28% de l’encours de la dette extérieure totale en 2008, et seulement 14,4% de la somme totale du service de la dette payé entre 1987 et 2008. Que peut-on en déduire ? Une partie non négligeable des entreprises publiques à été privatisée pour un prix, somme toute, dérisoire, comparé à la charge de la dette que traine le pays, ce qui en dit long sur le choix de la dette extérieure comme moyen de financement du développement.

III. UNE SITUATION D’URGENCE SOCIALE

Le Sud ouest de la Tunisie, a été le théâtre, au cours des six premiers mois de 2008, du plus long mouvement de contestation populaire. Ces évènements sont la première manifestation de masse d’une crise sociale qui couve depuis quelques années. Deux questions ont, tout particulièrement, cristallisé les mécontentements : l’emploi et le pouvoir d’achat. Tandis que le premier fait référence, notamment, au revenu, le second renvoi aux prix. Ces deux phénomènes surdéterminent les conditions d’existence des masses populaires.

D’une manière générale et, abstraction faite des conditions héritées de la période du dirigisme bureaucratique, la situation économique et sociale actuelle est l’aboutissement logique des choix de la politique économique et sociale capitaliste néolibérale qui prévaut depuis près d’un quart de siècle. Parmi les nombreuses conséquences sociales de cette politique, il y a lieu de noter d’abord, les problèmes liés au marché du travail, à savoir : le chômage et le sous-emploi.

- 1. Aggravation de la crise de l’emploi

Le marché du travail tunisien se caractéristique par un taux de chômage qui compte parmi les plus élevé au monde (14,9% en 2009) et qui persiste à ce niveau élevé depuis un demi-siècle |23|. Ce niveau élevé de chômage est d’autant plus préoccupant qu’il contraste avec un taux d’emploi |24| relativement modeste ; 40% en 2008, c’est-à-dire que près de six personnes sur dix, en âge de travailler, sont économiquement inactives. Ceci donne à penser que la situation de l’emploi est bien plus grave que ne l’indique le taux de chômage. Le chômage accable tout particulièrement :

  • les femmes dont le taux de chômage dépasse 19% (12% pour les hommes),
  • les jeunes (15 et 34 ans) qui représentent près de 85% des chômeurs,
  • les régions de l’intérieur du pays. En effet, L’emploi est très inégalement réparti sur l’ensemble du territoire. Les deux régions littorales Nord est et Centre est concentrent à eux deux plus de 80% des 122 zones industrielles que compte le pays et la même proportion en ce qui concerne les emplois. Six gouvernorats sont particulièrement accablés par le chômage : Gafsa (20,1%), Gabès (21,1%), Kasserine (22,5%), Siliana (24%), Jendouba (24.1%), et Tozeur (26,1%).

En plus de la persistance d’un taux de chômage élevé, la situation de l’emploi se caractérise aussi par l’extension de la précarité qui est illustrée par l’extension phénoménale du sous-emploi, qui remplit le rôle d’un volant de sécurité du marché du travail. En effet, sachant que les principales catégories qui le constituent sont, notamment, l’emploi informel, les contrats de travail atypiques subis, le travail saisonnier subi et les chômeurs ‘déguisés’ ou bien ‘découragés’ |25|, nos différents recoupements nous ont conduits au constat suivant : en plus du chômage visible qui touche 14,2% des actifs en 2008, le sous-emploi concernerait, selon toute vraisemblance, une part relativement importante des actifs occupés, que l’on peut aisément placer au dessus de la barre de 60% !

- 2. Extension de la précarité

Il s’agit ensuite de l’inflation dont les effets négatifs se répercutent sur les conditions de vie des masses populaires. L’envolée des cours mondiaux de la majorité des produits de base, depuis 2005, a fortement affecté le marché local dont la protection douanière a été supprimée, et qui est très dépendant vis-à-vis du marché mondial pour une grande partie de ses besoins en matières premières, en biens d’équipements, et en produits alimentaires et énergétiques. En conséquence, les prix de détail de l’ensemble des produits de base sur le marché local ont accusé une forte hausse, notamment au cours du premier semestre de 2008 : 8,7% sur les produits alimentaires, notamment l’huile avec 17,1%, le lait et dérivés 15,1% |26|, les fruits 10,7%, les légumes 8,5% et les céréales et dérivés 9,5%. La hausse des prix a touché aussi le transport pour 5,6%, l’habitation pour 4,6%, et surtout le prix de l’essence qui a augmenté de 17,4% entre septembre 2007 et août 2008. Enfin les frais de scolarité n’ont pas échappé à cette flambée générale des prix en augmentant à leur tour de 6,4%.

Ces hausses de prix ont touché de plein fouet des classes populaires durement éprouvées par deux décennies d’ajustement structurel. Tout particulièrement, dans le Sud ouest du pays, où les conséquences de la hausse des prix se sont combinées avec ceux de la crise de l’emploi, pour constituer l’aiguillon de la révolte populaire.

La crise alimentaire mondiale, a ravivé le discours sur les « charges » de compensation, que l’Etat affecte « afin de soutenir les catégories sociales les plus démunies » |27|, et leurs prétendues fâcheuses répercussions sur l’équilibre budgétaire. Ces compensations s’effectuent par le biais de la Caisse générale de compensation (CGC) qui fut créée au début des années 70’, pour subventionner les prix de certains produits de consommation courante, tels que le pain, l’huile, le lait, le sucre, mais aussi l’engrais, le papier scolaire, etc. La création de la CGC était nécessaire à la stabilité du régime qui exigeait de la part de l’Etat de garantir les conditions minimums de la reproduction de la force de travail, suite à la dégradation sensible des conditions de vie de la majorité des tunisiens au cours des années 60’.

Dès que la crise de la dette a commencé à pointer son nez en Tunisie, au début des années 80’, amenant dans son sillage les experts de la BM et du FMI |28|, la CGC est devenu la « charge budgétaire » dont il fallait se débarrasser. L’Etat a dû, malgré des reflexes de survie très aiguisés, suivre leurs « conseils » en tentant de supprimer la CGC en 1984. L’échec patent de cette tentative ne l’a pas empêché, par la suite, de mener une politique d’étranglement de la CGC, en réduisant le nombre des produits subventionnés, d’une part, et en procédant à des « réajustements » successifs des prix des autres produits, d’autre part. En fait, la CGC ne doit sa survie qu’à la persistance des difficultés sociales, voire leurs aggravations.

Les dépenses de la CGC, se situait à 4% du PIB, et à 6,2% de la consommation privée, en 1984. Ces deux ratios ont baissé successivement à 1,4% et 2,9% en 1995, puis à 0,8% et 1,3% en 2008. Cette baisse relative confirme la tendance générale au désengagement social de l’Etat. Comparée à la charge du service de la dette en 2008, la « charge » de la CGC paraît dérisoire ; 3,9 MD pour la première et 0,3 MD pour la seconde ; soit 8,2%.

En second lieu, la stagnation, voire la baisse relative, du pouvoir d’achat des salariés qui représentent, selon le recensement de 2004, 71,5% de la population active occupée. En 2008, le salaire mensuel moyen nominal s’élève à 575 dinars |29|, et le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) à 231,3 dinars (pour le régime de 48 h par semaine) et à 200,7 dinars (régime 40 h par semaine). Le SMAG (l’équivalent agricole) est de 7,129 dinars pour une journée de travail |30|.

Durant les années 80’, les salaires ont perdu 15% de leur pouvoir d’achat |31|. De 1984 à 2000, le salaire moyen, en termes réels, a régressé d’un indice de base 100 à un indice 98,5 |32|. Quant au Smig, son taux horaire en 1983 était de 0,484 dinar (40h) et 0,457 dinar (48h) et le SMAG 2,640 dinars. En 2008, ces prix ont évolué en valeurs courantes comme suit : 1,158 dinar, 1,112 dinar et 7,129 dinars.

En prenant les prix de 1983 comme base de calcul, nous trouvons que l’indice des prix de 1983 a été multiplié par 3,03 en 2008, tandis que ceux du SMIG et du SMAG l’ont été respectivement par 2,4 et 2,7. Autrement dit, le niveau réel de ces deux derniers se situe |33|, en 2008, à environ 15% plus bas qu’en 1983 ! Dans le même temps, le PIB réel par habitant, exprimé aussi aux prix de 1983, a été multiplié par 4,9 en 2008. Cela fait apparaître une perte assez conséquente de pouvoir d’achat pour les 280 mille travailleurs (13% de l’ensemble des salariés) qui touchent le salaire minimum.

Conclusion

Nous avons essayé de démontrer, à travers ce texte, la nature néfaste de la dette extérieure qui capte une partie non négligeable des ressources financières de la Tunisie au profit du capital mondial, en analysant aussi certaines de ses implications économiques et sociales. Il paraît donc évident que la dette, en tant que mécanisme néocolonialiste, entrave les efforts du peuple tunisien pour son progrès économique et social et son émancipation politique. De plus, le poursuite du paiement de la dette ne peut qu’aggraver les problèmes de la société tunisienne.

Bibliographie :

  • Banque Centrale de Tunisie (2009), Rapport annuel. 2008. Tunis, 318 pp.
  • BEDOUI A. (2003), Dilapidation Economique Budgétaire en Tunisie (DEBT). ACTLMG
  • CHAMKHI F. (1994), Enquête sur le secteur non structuré à Slimène. Revue Tunisienne de Géographie, N°25, pp. 29-73
  • Institut National de Statistiques (2009), Annuaire statistique de la Tunisie. N° 51. 2008. Tunis, 346 pp.
  • Institut National de Statistiques (2008), Rapport annuel sur les caractéristiques des agents de la fonction publique. Année 2004. Tunis, 300 pp.
  • TOUSSAINT E. (2004), La finance contre les peuples. La bourse ou la vie. CADTM, CETIM, SYLLESPSE 638 pp.

Sites internet :

http://www.privatisation.gov.tn/
http://www.bct.gov.tn
http://www.oid-ido.org
http://www.cadtm.org
www.ins.nat.tn
www.investintunisia.tn
www.tunisianindustry.com
www.tunisie.com/APIA
www.bawaba.gov.tn _www.tunisie.com



Notes

|1| En fait, la Tunisie a déjà connu la dette extérieure au cours de son histoire. En effet, au cours de la seconde moitié du XIX° siècle, le recours malavisé à l’emprunt extérieur, et sa gestion corrompue par le sommet de l’Etat beylical, était le prétexte pour les puissances coloniales européennes afin de mettre les finances du pouvoir local sous leur tutelle, et par la suite une des cause de la colonisation de la Tunisie.

|2| Exprimée en monnaie locale, et en prenant en compte la dette extérieure à court terme : 5668 MDT

|3| En 2008, 1 dollar américain vaut environ 1,3 dinar, soit ; une dette de plus de 47,9 milliards de dollars.

|4| BCT : « Dette extérieure de la Tunisie. 2008 ». Tunis, octobre 2009

|5| soit 20,8 milliards de dollars

|6| Date de la signature de l’Accord d’Association entre l’Union Européenne et ses Etats membres, d’une part, et l’Etat tunisien, d’autre part.

|7| Dette à moyen et long terme qui est égale à la dette totale moins la dette à court terme.

|8| Banque Européenne d’Investissement

|9| Banque Africaine de Développement

|10| Groupe de la Banque Mondiale

|11| Le solde des entrées nettes de capitaux d’emprunts est le résultat des emprunts nouveaux ou bien tirages (côté entrée en +) moins le paiement du service de la dette (côté sortie en -).

|12| Faisant suite aux recommandations du FMI et de la BM, le gouvernement tunisien avait décidé de supprimer les subventions aux produits alimentaires de base à compter du 1 janvier 1984, ce qui conduisit, notamment, au doublement du prix du pain. Une révolte populaire s’en suivit (« révolte du pain »). Au bout de quelques jours de troubles graves, qui avaient causé la mort d’une cinquantaine de personnes (selon un bilan officiel), le Président Bourguiba fut contraint d’annoncer le rétablissement du prix du pain, et le maintien de la Caisse Générale de Compensation.

|13| Le SD/IP rapporte le montant annuel du service de la dette, exprimé en dinars courants, à celui de l’investissement public au cours de la même année. Il est obtenue en mesurant : Service de la dette (dinars courants) / [(investissement public (% des dépenses de l’Etat) / 100) x (dépenses de l’Etat (%du PIB) / 100) x PIB (dinar courant)]. Pour avoir plus de détails : http://www.oid-ido.org

|14| Proportion des dépenses publiques consacrées à la santé dans le PIB. Les dépenses publiques de santé représentent le total des dépenses courantes sur la santé et les dépenses d’investissement (formation brute de capital). Les dépenses courantes sur la santé peuvent être définies ainsi : services curatifs et de réhabilitation (soins hospitaliers, soins de jour, soins ambulatoires, et soins à domicile) ; services de soins cliniques de longue durée (hospitalisation, maisons de santé) ; services axillaires aux soins de santé ; produits médicaux donnés aux patients ; services de prévention et de santé publique ; administration de la santé et assurance médicale.

|15| Le SD/SA rapporte le montant annuel du service de la dette, exprimé en dinars courants, à celui de la dépense totale de santé du pays au cours de la même année. Il est obtenu en mesurant = Service de la dette (dinars courants) / [(dépenses publiques de santé (% du PIB) / 100) x PIB (dinars courants)

|16| Les trois niveaux, plus la recherche scientifique et la formation professionnelle

|17| Proportion dans le PIB des dépenses publiques consacrées à toutes les catégories d’enseignement. Ces dépenses comprennent : les dépenses d’investissement (dépenses liées à la construction, à la rénovation, aux réparations de grande ampleur et achat de matériel lourd ou de véhicules). Ainsi que, les dépenses courantes (dépenses liées aux biens et services consommés durant l’année en cours et devant être renouvelés l’année suivante)

|18| Le démantèlement total des droits de douane sur les produits manufacturiers est désormais effectif depuis le 1 janvier 2008. En ce qui concerne les services et les produits agricoles, la protection n’est pas encore totalement supprimée.

|19| Ministère du développement économique et de la coopération internationale. INS « Rapport annuel sur les caractéristiques des agents de la fonction publique. Année 2004 ». Tunis, mai 2008, p 24.

|20| Ces droits sont appliqués essentiellement sur les voitures, les carburants, le tabac et les boissons alcoolisées

|21| http://www.privatisation.gov.tn/

|22| Build, Own & Operate c’est-à-dire, un régime de concession qui prévoit la construction, l’exploitation et puis la restitution (généralement après 20 ans et plus) dans le domaine public à la fin de la période de la concession

|23| 15,2% en 1966, puis 16.4% en 1984, 16,8% en 1997 (niveau record), 15,3% en 2002 et 14.2% en. 2008

|24| Exprime le rapport du nombre des actifs occupés au nombre de la population en âge de travail (15 ans et plus)

|25| Les chômeurs découragés sont les personnes qui souhaitent travailler, sont disponibles pour le faire mais qui déclarent ne plus rechercher d’emploi parce que la perspective d’y parvenir leur paraît trop faible

|26| Le prix du litre de lait ½ écrémé a augmenté sur une période de six mois de 20%

|27| BCT. Rapport annuel 2008. Op. cit.

|28| Fonds Monétaire International

|29| BCT, « Rapport annuel. 2008 ». Tunis, juin 2007. Exprimé en euros (valeur 1,7 dinars en 2008) le salaire mensuel moyen nominal s’élève à 388 euros.

|30| Soit en euros, le SMIG respectivement 136 et 118 euros et 4,2 euros la journée de travail agricole

|31| Nations Unies, UNDP : « Stratégie de réduction de la pauvreté. Etude du phénomène de la pauvreté en Tunisie ». 1994, p 38 ;

|32| UGTT « Rapport économique et social » au Conseil National, décembre 2001, p 115

|33| Compte tenu de la prime de transport de 5 dinars par mois, instituée en juillet 1986 pour le SMIG, et dont la valeur reste inchangée depuis.

 

Source : CADTM

Une analyse marxiste de la crise à venir

 

Cette contribution souligne la très forte corrélation existante entre l’évolution du taux de profit et les crises économiques. Elle soutient que

ce taux restitue à la fois les conditions de production et de réalisation de

la valeur et plaide pour une vision multifactorielle des crises. En s’appuyant sur ce cadre théorique, elle examine ensuite les éléments structurels et conjoncturels de la crise à venir et discute de ses voies de sortie [1]

 

Graphique n°1 : Taux de profit et crises cycliques – États-Unis, 1951-2017 [2]

 SOMMAIRE DES TRAVAUX EN COURS:

 

Taux de profit et crises cycliques
Qu’est ce que le taux de profit ?
Les déterminants du taux de profit et l’histoire des crises économiques
Théories des crises et réformisme
Les déterminants du taux de profit et la crise qui vient
Le contexte de la prochaine crise
Pourquoi cette incapacité à relancer l’économie ?
Le prochain krach : où et quand ?
Et demain ?

 


 

 Taux de profit et crises cycliques -  PARTIE 1

 

  L’obtention d’un profit constitue le but et le moteur de tout investissement dans l’économie capitaliste : un détenteur de capitaux n’investira que s’il espère en tirer une masse et un taux suffisant : « Le taux de profit est la force motrice de la production capitaliste, et on n’y produit que ce qui peut être produit avec profit… […] …le taux de mise en valeur du capital total, le taux de profit, est bien l’aiguillon de la production capitaliste (de même que la mise en valeur du capital est son unique fin)… » [3]. Il mesure en quelque sorte la rentabilité finale de l’économie capitaliste puisqu’il rapporte le profit obtenu à l’investissement consenti. Marx le calcule en ramenant la plus-value obtenue au capital total investi [4]. Lorsque le taux de profit est à la hausse (flèches vers le haut sur le graphique n°1), les affaires prospèrent, lorsqu’il diminue (flèches vers le bas), elles se contractent et, lorsqu’il est proche ou atteint le point le plus bas d’un cycle de hausse et de baisse (cercles), la crise éclate (lignes verticales en grisé).

Cette dernière aura alors pour conséquences de durcir les conditions d’exploitation des salariés et de déprécier tous les éléments intervenant dans l’activité productive : les salaires diminuent suite à la montée du chômage et le ‘capital-machines’ (ou capital constant) se dévalorise consécutivement aux faillites, invendus ou liquidations. Autrement dit, en augmentant le numérateur du taux de profit (la plus-value issue de l’exploitation des salariés) et en diminuant son dénominateur (dévalorisation des machines et baisse des salaires), la crise permet de le redresser. Un nouveau cycle de production peut alors redémarrer jusqu’à la prochaine crise et ainsi de suite : « La stagnation survenue dans la production aurait préparé – dans les limites capitalistes – une expansion subséquente de la production. Ainsi le cycle aurait été, une fois de plus, parcouru. Une partie du capital déprécié par la stagnation retrouverait son ancienne valeur. Au demeurant, le même cercle vicieux serait à nouveau parcouru, dans des conditions de production amplifiées, avec un marché élargi, et avec un potentiel productif accru » [5]. Le mécanisme interne de la crise crée donc, par lui-même, les conditions permettant d’engendrer un « marché élargi », un « potentiel productif accru » et une « production amplifiée ».

C’est exactement ce que nous montre le graphique n°1 ci-dessus où chaque crise advient après un cycle de hausse et de baisse du taux de profit. L’on peut donc supposer que le retournement à la baisse du taux de profit depuis 2013 annonce la prochaine crise [6]. Cette respiration auto-entretenue de l’activité productive, entrecoupée de crises périodiques, constitue l’une des plus belles confirmations de l’analyse que Marx a dégagée à partir de ses observations empiriques et de ses travaux théoriques. Elle est résumée ainsi dans l’Anti-Dühring [7] :

« …depuis 1825, date où éclata la première crise générale, la totalité du monde industriel et commercial, la production et l’échange de l’ensemble des peuples civilisés et de leurs satellites plus ou moins barbares se détraquent environ une fois tous les dix ans. Le commerce s’arrête, les marchés sont encombrés, les produits sont là aussi en quantités aussi massives qu’ils sont invendables, l’argent comptant devient invisible, le crédit disparaît, les fabriques s’arrêtent, les masses travailleuses manquent de moyens de subsistance pour avoir produit trop de moyens de subsistance, les faillites succèdent aux faillites, les ventes forcées aux ventes forcées. L’engorgement dure des années, forces productives et produits sont dilapidés et détruits en masse jusqu’à ce que les masses de marchandises accumulées s’écoulent enfin avec une dépréciation plus ou moins forte, jusqu’à ce que production et échange reprennent peu à peu leur marche. Progressivement, l’allure s’accélère, passe au trot, le trot industriel se fait galop et ce galop augmente à son tour jusqu’au ventre à terre d’un steeple chase complet de l’industrie, du commerce, du crédit et de la spéculation, pour finir, après les sauts les plus périlleux, par se retrouver... dans le fossé du krach. Et toujours la même répétition. Voilà ce que nous n’avons pas vécu moins de cinq fois déjà depuis 1825, et ce que nous vivons en cet instant (1877) pour la sixième fois » [8].

La pertinence de cette analyse est non seulement attestée par toutes les crises cycliques qui sont advenues depuis la seconde guerre mondiale comme le montre notre graphique ci-dessus, mais plus globalement par les vingt-quatre crises internationales que le capitalisme a connues depuis près de deux siècles [9] si nous retenons 1825 comme étant la première crise générale du capitalisme : « …ce n’est qu’avec la crise de 1825 que s’ouvre le cycle périodique de la vie moderne du capitalisme » [10]. Ceci nous donne un cycle moyen de plus ou moins huit années entre chacune d’elle. Comme la précédente a eu lieu en 2008-09, la suivante devrait se manifester cette année-ci, au plus tôt, et en 2018 au plus tard.

Le caractère cyclique de l’accumulation du capital et de ses crises depuis deux siècles, ainsi que la correspondance quasi parfaite entre l’évolution du taux de profit et l’éclatement de celles-ci, devraient, pour le moins, interloquer ceux qui se revendiquent encore de l’analyse luxemburgiste qui affirme, en dépit de telles évidences, que : « la formule d’une période décennale accomplissant tout le cycle de l’industrie capitaliste était chez Marx et Engels dans les années 1860 et 70 une simple constatation des faits : ces faits ne correspondaient pas à une loi naturelle, mais à une série de circonstances historiques déterminées… […] La périodicité décennale de ces crises internationales est un fait purement extérieur, un hasard » [11] et « En tout cas cette consolation est réduite à néant par une seule phrase de Marx : « Pour les grands capitalistes, la baisse du taux de profit est compensée par sa masse. ». Il coulera encore de l’eau sous les ponts avant que la baisse du taux de profit ne provoque l’effondrement du capitalisme » [12]. Qu’en deux siècles de capitalisme il y ait eu vingt-quatre crises internationales aussi étroitement corrélées à l’évolution du taux de profit n’a rien d’« un fait purement extérieur, un hasard », d’autant moins que cette corrélation correspond en tous points à l’analyse dégagée par Marx dans Le Capital. De même, les supputations de Luxemburg sur la compensation de la baisse du taux de profit par la masse des profits pour les grands capitalistes ne se sont guère confirmées.

 

 Qu’est ce que le taux de profit ?

 

Pour pouvoir marcher, le capitalisme a besoin de s’appuyer sur ses deux jambes que sont la production (l’offre) et la vente (la demande), c’est-à-dire mettre sur le marché une offre rentable (à un taux de profit satisfaisant) et engendrer une demande solvable suffisante pour écouler les marchandises produites. Or, beaucoup de marxistes réduisent trop souvent la problématique du taux de profit au seul volet des difficultés rencontrées dans la production, à savoir extraire suffisamment de surtravail pour un capital donné.

En réalité, le taux de profit est une variable synthétique (analysée dans le tome III du Capital sur le procès d’ensemble de la production capitaliste) qui exprime à la fois les dynamiques et les contradictions relatives aux procès de production et de circulation du capital (analysées respectivement dans les tomes I et II du Capital) : comme son évolution dépend tout autant de l’efficacité du capital (au dénominateur) que de la répartition de la valeur annuelle produite (le taux de plus-value au numérateur), il mesure aussi bien la capacité du capital à assurer sa rentabilité que l’adéquation des débouchés salariaux à la production. Il est donc erroné de privilégier un seul des deux aspects du circuit de l’accumulation (production ou vente), ou de les faire strictement dépendre l’un de l’autre : « En effet, le marché et la production étant des facteurs indépendants, l’extension de l’un ne correspond pas forcément à l’accroissement de l’autre » [13]. Ou encore : « Les conditions de l’exploitation directe et celles de sa réalisation ne sont pas les mêmes. Elles diffèrent non seulement de temps et de lieu, mais même de nature » [14]. Autrement dit, la grandeur des marchés nécessaires pour écouler la production ne dépend pas strictement de la seule dynamique de l’élargissement de cette dernière : « S’il est donc admis que le marché doit nécessairement s’élargir pour qu’il n’y ait pas de surproduction, on admet aussi qu’il peut y avoir surproduction, car il est alors possible, étant donné que marché et production sont des moments indifférents l’un à l’autre, que l’élargissement de l’un ne corresponde pas à l’élargissement de l’autre, que les limites du marché ne s’élargissent pas assez rapidement pour la production … » [15].

Nous renvoyons ici dos-à-dos ceux qui nient la capacité du capitalisme à élargir ses propres marchés grâce au développement de la productivité et de la division du travail [16] et ceux qui soutiennent que leur importance découlerait ipso facto de la production du profit [17]. Marx et Engels étaient à mille lieues de ces visions partielles et unilatérales. Pour eux, le taux de profit restitue à la fois les conditions de la production et de la réalisation de la valeur annuelle générée (le Produit National Net) car sa formulation exprime autant les contradictions liées à la répartition de la valeur produite (la lutte de classe – c’est-à-dire le taux de plus-value au numérateur), que le mécanisme périodique d’alourdissement en capital fixe (les forces productives – c’est-à-dire la composition organique du capital au dénominateur).

En effet, le taux de plus-value est une mesure de la répartition de la valeur annuelle produite (le Produit National Net) entre les travailleurs (salaires) et les employeurs (profit), c’est donc une mesure du taux d’exploitation, une expression de la lutte des classes. Quant au dénominateur du taux de profit (la composition organique du capital), il exprime le degré de mécanisation – à savoir l’importance relative de l’investissement en capital-machines (CC) par rapport à la masse salariale (CV) – donc une certaine mesure du développement des forces productives.

En fait, Marx développe une vision globale du circuit de l’accumulation en un système de variables partiellement indépendantes. En effet, si l’on décompose le taux de profit en ses divers éléments constitutifs, l’on se rend compte qu’il dépend d’une foule de paramètres qui rassemblent à peu près tous les facteurs essentiels déterminant l’activité productive : la plus-value produite, les salaires distribués, la valeur totale de la production, la composition technique du capital, la composition en valeur de ce dernier, la productivité du travail, l’efficacité du capital, la part salariale (versus part des profits), etc. Dès lors, l’on comprend bien que les mécanismes qui peuvent faire redresser ou baisser le taux de profit sont multiples. C’est ce foisonnement de facteurs, cette causalité plurielle que l’on retrouve dans toute l’œuvre de Marx. Cette conception synthétique et multivariée du taux de profit constitue l’un de ses apports méthodologiques majeurs.

L’on ne peut donc réduire la mécanique complexe du Capital et de ses contradictions en un schéma mono-causal et invariant des crises à l’instar du positionnement pris par nombre d’auteurs. Ainsi :
- Pour Henryk Grossman et Paul Mattick, « la crise trouve son origine dans la production insuffisante de plus-value » [18]. Au-delà de ce qui peut les distinguer, il en va globalement de même pour les analyses produites par le groupe Robin Goodfellow : « Les crises du mode de production capitaliste moderne sont des crises de surproduction (la première date de 1825) produites par l’insuffisante valorisation du capital, c’est-à-dire du fait d’une production insuffisante de plus-value... » [19].
- Pour Rosa Luxemburg, « L’accumulation est impossible dans un milieu exclusivement capitaliste » [20], en conséquence, elle « a besoin pour se mouvoir de formations sociales non capitalistes autour d’elle » [21], mais comme ces dernières disparaissent avec le développement du capitalisme : « l’accumulation devient impossible, la réalisation et la capitalisation de la plus-value deviennent des problèmes insolubles » [22].
- Pour Vladimir Lénine, « Les crises sont nécessaires parce que le caractère collectif de la production entre en contradiction avec le caractère individuel de l’appropriation » [23]
- Pour Rudolf Hilferding, la crise trouve ses racines dans les déséquilibres multiples qui peuvent se développer entre les agrégats et secteurs de la reproduction du capital.
- Pour Samir Amin, les contradictions du capitalisme et les racines de ses crises doivent être recherchées dans le mécanisme de l’échange inégal de valeur entre pays.
- Pour Paul Boccara c’est le processus de valorisation-dévalorisation qui explique les crises du capitalisme.
- Pour Sander du groupe Perspective Internationaliste, c’est dans la forme valeur et le passage à la domination réelle du capital que résiderait l’alpha et l’oméga des contradictions du capitalisme.
- etc.

Tant les faits empiriques que les développements théoriques de Marx viennent, soit contredire, soit notablement nuancer toutes ces visions réductrices de l’explication des crises. Sans pouvoir rentrer ici dans le détail de chacune d’elles, disons que ce sont celles qui mettent l’accent sur la chute du taux de plus-value qui correspondent le plus à l’évolution des données empiriques [24] tout en étant par trop focalisé sur ce seul facteur.

 

[1] Cette contribution provient du site web Capitalisme et Crises Économiques

[2] Le lecteur trouvera la méthodologie de ce graphique sur le site web Capitalisme et Crises Économiques. Le taux de profit a été transformé en indice (1951 = 100). Une valeur de 134 en 1966 signifie que ce taux était de 34 % supérieur à son niveau de 1951, alors qu’un indice de 85 en 1982 signifie qu’il était de 15% inférieur. Les dix bâtonnets verticaux en grisés ne sont là que pour indiquer les années de crise économique, leur hauteur n’a donc pas de signification particulière.

[3] Marx, Le Capital, Livre III, Ed. Sociales, tome 1 : 271, 254 ou La Pléiade – Économie II : 1042, 1024.

[4] En langage courant : profit / capital total = profit / (salaires + capital machines) ou, en termes marxistes : plus-value / (capital variable + capital constant).

[5] Marx, La Pléiade – Economie II, livre III du Capital : 1037 ou Ed. Sociales, volume VI : 267-268.

[6] Nous avons retenu ici l’exemple des États-Unis car, malgré sa perte de puissance dès les années 1970, ce pays reste l’économie dominante depuis plus d’un siècle et, à ce titre, constitue souvent le lieu de déclenchement des crises à l’échelle internationale (pensons à celle de 1929 ou à la dernière en date, celle des subprimes en 2008-09). Ainsi, une crise économique internationale touche inévitablement les États-Unis et une crise dans ce pays affecte de facto l’économie mondiale. A quelques exceptions près - comme l’Inde et la Chine par exemple - que nous ne ferons qu’évoquer et sur lesquels nous ne pouvons malheureusement pas nous attarder ici, les évolutions décrites dans cette contribution sont valables pour la majeure partie de l’économie mondiale.

[7] Cet ouvrage, signé par Engels, est en réalité conçu, discuté et coécrit avec Marx : « …les bases et le développement des conceptions exposées dans ce livre étant dus pour la part de beaucoup la plus grande à Marx, et à moi seulement dans la plus faible mesure, il allait de soi entre nous que mon exposé ne fût point écrit sans qu’il le connût. Je lui ai lu tout le manuscrit avant l’impression et c’est lui qui, dans la partie sur l’économie, a rédigé le dixième chapitre… », préface à la seconde édition (1885), Ed. Sociales 1973 : 38.

[8] Chapitre II, Notions théoriques, Ed. Sociales 1973 : 312-313.

[9] 1825, 1836-39, 1847-48, 1857, 1864-66, 1873, 1882-84, 1890-93, 1900-03, 1907, 1911-13, 1918-21 (23 en All), 1929-32, 1937-38, 1948-49, 1952-54, 1957-58, 1966-67, 1970-71, 1974-75, 1980-82, 1990-91, 2001, 2008-09.

[10] Marx, La Pléiade – Économie I, Postface à la 2è éd. allemande du Capital : 553 ou Ed. Sociales, volume I : 24.

[11] Rosa Luxemburg, Réforme ou révolution (1898), Maspéro : 28-29.

[12] Rosa Luxemburg, Anti-critiques, Maspéro : 165.

[13] Marx, La Pléiade – Économie II, Grundrisse : 489.

[14] Marx, La Pléiade – Économie II, livre III du Capital : 1026. La traduction des éditions Sociales est encore plus tranchante : « Les conditions de l’exploitation immédiate et celles de sa réalisation ne sont pas identiques. Elles ne diffèrent pas seulement par le temps et le lieu, théoriquement non plus elles ne sont pas liées », volume VI : 257.

[15] Marx, Les théories sur la plus-value, Ed. Sociales, tome II : 624.

[16] Il en va ainsi de Rosa Luxemburg et de ses épigones qui pensent qu’un capitalisme pur (exclusivement composé de capitalistes et salariés) n’est capable que d’accumulation simple : « L’accumulation est impossible dans un milieu exclusivement capitaliste » Anti-critiques, Maspéro : 227. Pour ceux-ci, la plus-value accumulable pour assurer la reproduction élargie du capital ne serait réalisable que dans la sphère non capitaliste. Ils soutiennent donc aussi que les moyens matériels pour l’élargissement de l’accumulation proviendraient de ce même milieu précapitaliste. Pour une critique de ces idées, nous conseillons la lecture des trois articles suivants : Théories des crises : Marx – Luxemburg ; L’accumulation du capital au XXè siècle ; La théorie des crises et l’éthique du débat.

[17] Telle est la conception défendue par Paul Mattick : « La production marchande crée son propre marché dans la mesure où elle est capable de convertir la plus-value en capital additionnel […] Tant qu’il existe une demande convenable et continue de biens capitaux, rien ne s’oppose à ce que soient vendues les marchandises offertes au marché », Marx et Keynes, Gallimard, 1972 : 97.

[18] Crises et théories des crises, Paul Mattick, Champ Libre : 94. Cette citation est extraite d’un chapitre dont le titre « La théorie des crises chez Marx » en dit long sur le regard mono-causal porté sur les analyses de ce dernier alors qu’elles sont en réalité multifactorielles.

[19] Cycles économiques et prévision des crises de surproduction

[20] Anti-critiques, Ed. Maspéro, tome II de L’Accumulation du capital : 227.

[21] L’Accumulation du capital, Ed. Maspéro, tome II : 41.

[22] L’Accumulation du capital, Ed. Maspéro, tome II : 89.

[23] De la caractéristique du romantisme économique, article de Lénine republié dans Le Capital, Ed. Sociales, volume V : 178.

[24] En effet, aux États-Unis à tout le moins, et depuis 1951, la baisse du taux de plus-value est un phénomène récurrent avant chaque crise.

L’économie US ne parvient pas à sortir de l’ornière

par Ariel Noyola Rodríguez

Le marché du travail états-unien a rechuté. En mai dernier, le secteur non agricole a ajouté 38 000 nouveaux emplois, alors que les investisseurs de Wall Street attendaient une augmentation de plus de 160 000 postes. Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale, n’avait pas d’autre alternative que de garder à son niveau actuel le taux d’intérêt de référence après la réunion en juin du Federal Open Market Committee. Le risque d’une nouvelle récession aux États-Unis est plus menaçant que jamais, bien que les médias occidentaux insistent à répandre l’idée que les principaux dangers sont le ralentissement économique en Chine et l’abandon possible, par le Royaume-Uni, de l’Union européenne.

Réseau Voltaire | Mexico (Mexique) | 23 juin 2016
English  Español  italiano  Deutsch 
+
JPEG - 38 ko

Après la dernière réunion du Federal Open Market Committee (FOMC, son sigle en anglais), qui a eu lieu à la mi-juin, la présidente de la Réserve fédérale (Fed), Janet Yellen, a annoncé que le taux d’intérêt de référence reste inchangé, à savoir dans une plage comprise entre 0,25 et 0,50 % [1]. Ainsi, il semble que la Fed n’augmentera pas le coût du crédit interbancaire au jour le jour, avant septembre prochain.

En bref, la propagande du gouvernement de Barack Obama pour convaincre du « rétablissement complet » de l’économie US a fait un flop. Cela fait plus de six mois que la Fed a relevé le taux d’intérêt des fonds fédéraux et jusqu’à présent, il n’y a pas de signe permettant d’anticiper une nouvelle augmentation.

À plusieurs reprises, la Fed a revu à la baisse ses prévisions pour la croissance économique : tandis qu’en mars, l’estimation de la croissance du PIB pour cette année se plaçait entre 2,1 et 2,3 %, celle-ci a récemment été réduite à une fourchette comprise entre 1,9 et 2 % [2]. L’économie est en chute libre ; pas plus tard qu’en décembre 2015, l’estimation de croissance de la Fed pour 2016 se situait entre 2,3 et 2,5 % [3].

Sans aucun doute, la faiblesse croissante de l’économie la plus puissante du Groupe des 7 (G7) a contraint les autorités monétaires à agir avec prudence, parce que tout faux mouvement augmenterait les risques d’accentuer les tendances à la récession, cette fois-ci avec une grande possibilité d’y ajouter la déflation (baisse des prix) [4].

Au premier trimestre, le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) de l’économie états-unienne atteignait à peine 0,80 %. La reprise du marché du travail quant à elle, reste trop fragile, bien qu’elle soit supposée être la principale réussite des politiques mises en œuvre par la Fed. Rappelons qu’en décembre dernier, lorsque la Fed a relevé de 25 points de base son taux d’intérêt de référence, le ratio officiel de chômage était de 5 %, un chiffre qui, selon certains membres du FOMC, peut-être considéré comme une situation de « plein l’emploi ».

Cependant, nous savons maintenant que la banque centrale dirigée par Janet Yellen a eu tort. Les dernières données ne laissent aucun doute : les vents annonciateurs d’une nouvelle récession sont très menaçants [5]. En mai dernier, le secteur non agricole a ajouté seulement 38 000 emplois, la plus faible augmentation depuis 2010. En outre, les données de mars et avril ont été revues à la baisse, les employeurs ont embauché 59 000 personnes de moins que prévu [6].

Du coup, aucun membre du FOMC n’est venu célébrer le fait que le taux de chômage soit tombé à 4,7 % quand, en parallèle, le taux de participation au travail est tombé à 62,6 % : des milliers de personnes ont abandonné la recherche d’un emploi devant le manque d’opportunités [7]. La réalité est que le taux de chômage officiel cache un sous-emploi massif, si l’on comptabilisait deux catégories supplémentaires : les personnes qui occupent des emplois à temps partiel et celles qui ont récemment quitté le marché du travail, les chiffres changeraient du tout au tout. Il existe des mesures alternatives du chômage ; la méthode U-6 tient compte de ces deux catégories, le taux de chômage se situe alors à 9,7 %, soit plus du double du taux de chômage officiel [8].

Il faut noter que l’atonie de l’économie états-unienne est principalement due à l’extrême faiblesse des investissements des entreprises, conséquence d’un taux de rendement trop faible du capital, ou à tout le moins insuffisant pour la création de nouvelles unités de production, capables de générer un emploi massif et donc de déclencher un processus de récupération de longue haleine. Il arrive que les entrepreneurs US soient réticents, non seulement à investir, mais aussi à augmenter les salaires, une situation qui a empêché de soutenir une augmentation substantielle de l’inflation : l’indice des prix à la consommation (CPI, pour son sigle en anglais) a augmenté de seulement 1,1 % en termes annuels, le mois dernier.

L’image d’une économie dynamique semble s’éloigner de plus en plus à l’annonce, par le Conference Board des États-Unis — l’institution chargée de superviser la compétitivité dans le monde entier — que l’économie US va souffrir cette année de la première contraction de son niveau de productivité depuis trois décennies [9]. En l’absence d’innovation, la productivité états-unienne va chuter de 0,2 %. « L’année dernière, nous avons eu l’impression que nous étions entrés dans une crise de la productivité, nous sommes maintenant au milieu de celle-ci », a déclaré Bart van Ark, économiste en chef du prestigieux centre de recherche.

Néanmoins, les médias traditionnels insistent sur la diffusion de l’idée que, selon la Fed, les signaux d’alerte sont situés hors du territoire des États-Unis. Au début, on nous a dit que le ralentissement économique en Chine représentait l’un des principaux dangers pour le monde, plus récemment, ils nous ont mis en garde contre les fortes turbulences financières à attendre si le Royaume-Uni décidait de quitter l’Union européenne — le fameux Brexit.

Très peu ont osé enquêter sur le très grand danger que représentent les États-Unis pour l’économie mondiale : selon les estimations de la Deutsche Bank, la principale banque d’investissement du continent européen, la probabilité pour que les USA entrent en récession au cours des douze prochains mois est d’ores et déjà de 55 % [10]. Tout indique que tôt ou tard — et plus tôt que tard — la dramatique réalité économique finira par s’imposer, face au maquillage de l’information.

Ariel Noyola Rodríguez

Traduction JJ       Site : Le Saker Francophone

Source  Russia Today (Russie)Digg RSS

[1] « Yellen espera subir las tasas, pero no será una decisión automática », Michael S. Derby, The Wall Street Journal, 15 de junio de 2016.

[2] « US : Economic projections », US Federal Reserve Bank, June 2016.

[3] « US : Economic projections », US Federal Reserve Bank, December 2015.

[4] « La déflation est le pire cauchemar pour les États-Unis », par Ariel Noyola Rodríguez, Traduction JJ, Russia Today (Russie), Réseau Voltaire, 23 septembre 2015.

[5] « Les vents d’une nouvelle récession soufflent fortement aux États-Unis », par Ariel Noyola Rodríguez, Traduction JJ, Russia Today (Russie), Réseau Voltaire, 29 mars 2016.

[6] « America’s economy : When barometers go wrong », The Economist, June 11, 2016.

[7] « Labor Force Statistics from the Current Population Survey », US Bureau Labour Statistics.

[8] « Table A-15. Alternative measures of labor underutilization », US Bureau of Labor Statistics.

[9] « US productivity slips for first time in three decades », Sam Fleming and Chris Giles, Financial Times, May 25, 2016.

[10] « U.S. Recession Odds Climb to 55% as Yield Curve Flattens : Chart », Mathew Boesler, Bloomberg, June 14, 2016.

Analyse marxiste sur le taux de profit

      Partie 2

-Pour Sander du groupe Perspective Internationaliste, c’est dans la forme valeur et le passage à la domination réelle du capital que résiderait l’alpha et l’oméga des contradictions du capitalisme.
- etc.

Tant les faits empiriques que les développements théoriques de Marx viennent, soit contredire, soit notablement nuancer toutes ces visions réductrices de l’explication des crises. Sans pouvoir rentrer ici dans le détail de chacune d’elles, disons que ce sont celles qui mettent l’accent sur la chute du taux de plus-value qui correspondent le plus à l’évolution des données empiriques [24] tout en étant par trop focalisé sur ce seul facteur.

 Déterminants du taux de profit et histoire des crises économiques


Comme le taux de profit est un indice synthétique déterminé par de nombreux paramètres, c’est donc par l’analyse fine de ces derniers que l’on peut mettre à jour les racines de chacune des crises qui ont égrené le capitalisme depuis 1825. Et pour cause, chacune d’elles éclate dans un contexte socio-économique, un rapport de force entre les classes et des conditions techniques du capital qui évoluent au cours du temps. Tous ces paramètres ne se présentent donc pas à l’identique lors de chaque crise. Dès lors, chacune d’elle combine des mécanismes à la fois récurrents et variables, déterminant ainsi leurs singularités. C’est cet agencement multiforme qui explique la variabilité dans le déroulement, l’ampleur, la durée et les manifestations de chaque crise. Si le capitalisme a une histoire, ses crises également : elles ne se répètent pas toutes selon un schéma mono-causal et invariant dans le temps.

Ainsi, pour ne prendre qu’un seul exemple pris aux deux extrémités temporelles du capitalisme : il est évident que, dans un monde (au début du 19è siècle en Europe par exemple) où le salariat est encore peu répandu, où les progrès de productivité restent modestes, où la plus-value est d’origine essentiellement absolue et où la composition technique du capital est encore faible, les crises ne peuvent avoir exactement les mêmes ressorts et le même enchainement causal que dans un environnement (l’après seconde guerre mondiale dans la Triade par exemple) où le salariat est devenu dominant, où les progrès de la productivité sont élevés, où les salaires réels sont indexés à ces derniers, où la plus-value est d’origine essentiellement relative et où la composition technique du capital est très élevée !

L’on comprend alors aisément que c’est ce caractère multivarié des facteurs influençant le taux de profit et ce caractère partiellement indépendant des conditions de la production et de la réalisation qui expliquent la multiplicité des mécanismes pouvant engendrer les crises. Cette richesse d’analyse chez Marx correspond à la richesse du réel, richesse qu’il serait absurde de réduire sur le lit de Procuste d’une mono-causalité invariante et atemporelle. Ainsi, Marx fait-il :

1- Tantôt découler les crises de l’écart entre la productivité croissante du travail et l’augmentation des salaires réels : « une surproduction qui provient justement du fait que la masse du peuple ne peut jamais consommer davantage que la quantité moyenne des biens de première nécessité, que sa consommation n’augmente donc pas au rythme de l’augmentation de la productivité du travail » [25].

2- Tantôt des contradictions découlant du cycle de renouvellement du capital fixe : « A mesure que la valeur et la durée du capital fixe engagé se développent avec le mode de production capitaliste, la vie de l’industrie et du capital industriel se développe dans chaque entreprise particulière et se prolonge sur une période, disons en moyenne dix ans. […] …ce cycle de rotations qui s’enchaînent et se prolongent pendant une série d’années, où le capital est prisonnier de son élément fixe, constitue une des bases matérielles des crises périodiques » [26].

3- Tantôt de la saturation des marchés coloniaux, indiens essentiellement pour expliquer certaines crises au 19è siècle, notamment dans l’industrie cotonnière anglaise : « Mais à l’époque, des articles d’exportation anglais encombraient en masse les marchés étrangers sans pouvoir s’y vendre. Une des causes principales de la crise de 1847 était l’engorgement extraordinaire du marché et la spéculation effrénée dans le commerce avec les Indes orientales » [27].

4- Tantôt encore de la mécanique du taux de profit liée au développement de la productivité du travail : « Avec la baisse du taux de profit, le développement de la productivité du travail donne naissance à une loi, qui, à un certain moment, entre en opposition absolue avec le propre développement de cette productivité. De ce fait le conflit doit être constamment surmonté par des crises. […] Par ailleurs, si le taux de mise en valeur du capital total, le taux de profit, est bien l’aiguillon de la production capitaliste (de même que la mise en valeur du capital est son unique fin), sa baisse ralentira la constitution de nouveaux capitaux autonomes et elle semble alors menacer le développement du procès de production capitaliste, elle favorise la surproduction, la spéculation, les crises, la constitution de capital excédentaire à côté d’une population en excédent » [28].

5- Tantôt aussi Marx ramène les crises à la contradiction générale entre le caractère social de la production et son appropriation privée : « On voit, dans les crises, la contradiction entre production sociale et appropriation capitaliste arriver à l’explosion violente. La circulation des marchandises est momentanément anéantie ; le moyen de circulation, l’argent, devient obstacle à la circulation ; toutes les lois de la production et de la circulation des marchandises sont mises sens dessus sens dessous. La collision économique atteint son maximum : le mode de production se rebelle contre le mode d’échange, les forces productives se rebellent contre le mode de production pour lequel elles sont devenues trop grandes » [29].

6- Tantôt, dans le livre II du Capital notamment, il relie les crises aux déséquilibres pouvant advenir entre les agrégats assurant l’accumulation entre les deux secteurs de l’accumulation élargie et les disproportionnalités qui peuvent en découler : « Il s’ensuit certaines conditions particulières pour l’échange normal dans ce mode de production et, partant, pour le cours normal de la reproduction, que ce soit à l’échelle simple ou élargie. Elles se convertissent en autant de conditions d’un développement anormal, en possibilités de crise, puisque l’équilibre – étant donnée la forme naturelle de cette production – est lui-même fortuit » [30].

7- Tantôt encore, Marx invoque l’augmentation tendancielle du taux d’exploitation et donc les conditions de répartition antagonique du produit social : « plus les forces productives se développent, plus elles entrent en conflit avec les fondements étroits sur lesquels reposent les rapports de consommation. [Ce qui a pour effet d’accroître la contradiction] entre les conditions où cette plus-value est produite et les conditions où elle est réalisée » [31]. De même, comme « [la capacité de consommation de la société] n’est déterminée ni par la force productive absolue ni par le pouvoir de consommation absolu ; il l’est par le pouvoir de consommation, qui a pour base des conditions de répartition antagoniques qui réduisent la consommation de la grande masse de la société à un minimum variable dans des limites plus ou moins étroites » [32]. Enfin : « Dans quelle mesure la saturation est liée à l’obstacle posé par le travail nécessaire [c’est-à-dire le salaire]  : ‘Le sens même d’une exigence accrue envers les travailleurs, c’est qu’ils soient disposés à recevoir moins eux-mêmes et à laisser une plus grande part à leurs employeurs : et si l’on dit que ceci, en diminuant la consommation, augmente la saturation, tout ce que je peux dire, c’est qu’alors la saturation est synonyme de profits élevés’ » [33]. Autrement dit, « la raison ultime de toutes les crises réelles, c’est toujours la pauvreté et la consommation restreinte des masses, face à la tendance de l’économie capitaliste à développer les forces productives comme si elles n’avaient pour limite que le pouvoir de consommation absolu de la société » [34].

8- Tantôt peut-il aussi relier les crises à une insuffisance du taux d’exploitation  : « …une baisse du degré d’exploitation au-dessous d’un certain point provoque, en effet, des perturbations et des arrêts dans le processus de production capitaliste, des crises, voire la destruction de capital. Il n’y a pas de contradiction dans le fait que cette surproduction de capital s’accompagne d’une surpopulation relative plus ou moins considérable. Les circonstances qui ont augmenté la productivité du travail, accru la masse des marchandises produites, étendu les marchés, accéléré l’accumulation du capital en valeur autant que dans sa masse et diminué le taux de profit, ces mêmes circonstances ont produit et produisent constamment une surpopulation relative, une surpopulation d’ouvriers que le capital surabondant n’emploie pas à cause du faible degré d’exploitation du travail auquel il serait contraint de les employer, ou du moins à cause du faible taux de profit qu’ils rapporteraient au niveau donné d’exploitation » [35].

9- A d’autres endroits, Marx et Engels relient l’éclatement de crises à la contradiction entre “un développement absolu des forces productives” et une “limitation de la croissance de la consommation finale de la société”  : « Alors que les forces productives s’accroissent en progression géométrique, l’extension des marchés se poursuit tout au plus en progression arithmétique » [36]. Ou encore : « L’énorme force d’expansion de la grande industrie, à côté de laquelle celle des gaz est un véritable jeu d’enfant, se manifeste à nous maintenant comme un besoin d’expansion qualitatif et quantitatif, qui se rit de toute contre-pression. La contre-pression est constituée par la consommation, le débouché, les marchés pour les produits de la grande industrie. Mais la possibilité d’expansion des marchés, extensive aussi bien qu’intensive, est dominée en premier lieu par des lois toutes différentes, dont l’action est beaucoup moins énergique. L’expansion des marchés ne peut aller de pair avec l’expansion de la production. La collision est inéluctable et comme elle ne peut pas engendrer de solution tant qu’elle ne fait pas éclater le mode de production capitaliste lui-même, elle devient périodique » [37]. Engels et Marx réitèrent ici dans l’Anti-Dühring ce que le second avait déjà mis en évidence dans les Grundrisse et le livre III du Capital, à savoir l’indépendance partielle entre la dynamique de la production et des marchés (cf. supra).

10- A d’autres endroits encore, Marx estime que le déroulement temporel du circuit de l’accumulation peut être facteur de crises : « Le procès de circulation du capital s’étend sur de longues périodes et l’époque du retour du capital coïncide toujours avec celle où les prix-courants se balancent avec les prix de production ; mais comme il s’opère, pendant ce temps, de grands bouleversements et de notables modifications dans la situation du marché, dans la productivité du travail et par conséquent dans la valeur réelle des marchandises, il est évident que, depuis le point de départ jusqu’au retour, il se produit de grandes catastrophes où s’amassent et se développent des éléments de crise » [38].

Cette richesse explicative chez Marx – plus encore car nous n’avons pas recensé ici toutes les explications différentes qu’il a étudiées dans son œuvre – est à des années lumières de toutes les visions réductrices et invariantes que de nombreux auteurs ont voulu lui accoler en matière de théories des crises. C’est pourquoi nous ne nous rattachons à aucune d’elles car toutes sont à la fois vraies et fausses : vraies – et enrichissantes même – en ce qu’elles approfondissent un aspect de la mécanique équationnelle de Marx, et fausses en ce qu’elles se limitent justement à un seul aspect. Les clivages en ce domaine sont d’ailleurs tellement grands – chacun estimant détenir ‘la véritable’ théorie marxiste des crises – que les débats entre les tenants de chaque explication sont souvent vains, lassants et politiquement interloquants (à l’aune des excommunications des uns envers les autres) !

Comme la plupart des auteurs pensent qu’il n’existerait qu’une et une seule bonne théorie des crises chez Marx dont ils seraient les continuateurs, une analyse multifactorielle dépasse leur entendement – analyse multifactorielle pourtant explicitement revendiquée par celui-ci tout au long de son œuvre [39]. C’est pourquoi ils la rejettent totalement, ou pire, prétendent qu’elle ne masquerait qu’un réformisme non assumé. En effet, comme nous nous appuyons sur la pluralité causale des crises chez Marx, nous nous revendiquons également – entre autres explications – de celles relatives à la compression de la part salariale ou à la moindre croissance des salaires réels par rapport à la productivité … ceci suffit alors, pour certains, à nous cataloguer promptement comme ‘sous-consommationnistes’ et donc ‘fieffé réformiste’. Quelques éclaircissements ne seront donc pas inutiles.


 Théories des crises et réformisme


Par crainte de tomber dans le réformisme, l’immense majorité des auteurs se revendiquant de Marx en arrivent à rejeter l’une des multiples causes avancées par ce dernier pour expliquer la crise. Ainsi en va-t-il de la compression de la part salariale ou de l’insuffisante progression des salaires réels par rapport à la productivité. Selon eux, accepter une telle idée impliquerait qu’une augmentation des salaires suffirait à résoudre la crise !

Ce raisonnement pourrait se défendre si les salaires constituaient la seule variable déterminant la crise, or, ce n’est jamais le cas : la contrainte sur les salaires découle toujours d’une dégradation d’autres agrégats économiques fondamentaux. Dès lors, croire que l’on peut relancer l’activité économique en redressant la part salariale ou en rétablissant la progression des salaires réels à hauteur des gains de productivité est pure illusion.

Ainsi, dans son livre II du Capital, Marx nous démontre que, pour fonctionner efficacement, le capitalisme doit respecter certaines proportions entre ses différents secteurs [40] et agrégats [41]. A défaut, ses mécanismes intrinsèques – dont sa tendance spontanée à l’anarchie dans la production et le marché – se grippent plus rapidement encore pour déboucher sur une crise. Ceci se vérifie aisément de façon empirique : le capitalisme a systématiquement connu de meilleurs taux de croissance lorsque ses deux secteurs et ses agrégats économiques augmentaient de concert (notamment lorsque les salaires réels étaient indexés de près ou de loin aux gains de productivité – comme à la charnière entre le 19è et le 20è siècle ou durant les trente glorieuses : 1945-75), et de plus faibles taux croissance lorsque ses deux secteurs et ses agrégats économiques n’évoluaient pas de concert consécutivement à l’anarchie spontanée de la production capitaliste (donc avec des salaires comprimés – comme au début de la révolution industrielle, durant l’entre-deux-guerres et après le tournant néolibéral des années 1980). C’est pourquoi Marx ne craignait pas d’affirmer qu’une des causes de la « surproduction provient justement du fait que la masse du peuple ne peut jamais consommer davantage que la quantité moyenne des biens de première nécessité, que sa consommation n’augmente donc pas au rythme de l’augmentation de la productivité du travail  » [42]. Pour autant, cette explication ne faisait pas de lui un partisan du sous-consommationnisme, ni un réformiste non avoué répandant l’illusion qu’avec des salaires réels indexés à la productivité le capitalisme échapperait à ses contradictions !

Tant les écrits de Marx que les faits historiques nous montrent que, dans certaines conditions, le capitalisme peut gagner en efficacité pendant un laps de temps donné. Ainsi, à tout point de vue, la prospérité durant les trente glorieuses se rapprochaient le plus des équilibres étudiés par Marx dans son livre II du Capital. C’est la principale raison expliquant les taux de croissance jamais atteints durant toute l’histoire du capitalisme jusqu’alors. Corrélativement, l’on peut constater que la politique économique néolibérale depuis les années 1980 – qui s’écarte de plus en plus de ces équilibres – enfonce encore plus rapidement le capitalisme dans une spirale déflationniste. Mais alors, nous rétorquent nos contradicteurs, est-ce qu’un retour aux équilibres des trente glorieuses serait possible et est-ce qu’il améliorerait le fonctionnement économique du capitalisme ? En particulier, est-ce qu’un redressement des salaires suffirait à améliorer la situation ?

Pas le moins du monde ! En réalité, de telles questions ne visent qu’à rechercher des contradictions formelles de raisonnement sans comprendre que le capitalisme évolue au cours du temps et que ses agrégats ne se présentent donc pas à l’identique à tout moment. Ainsi, la prospérité des trente glorieuses a eu son temps car, aussi régulé soit-il, le capitalisme ne peut échapper à ses dynamiques contradictoires. Et pour cause, la fin de la prospérité d’après-guerre s’explique essentiellement par une crise de rentabilité du capital, comme l’illustre le graphique n°2 : la baisse du taux de profit de 1966 à 1982 (de l’indice 134 à 85, soit une diminution de 60%) résulte principalement d’une remontée de la composition organique du capital, alors que le redressement de ce taux depuis 1982 découle d’abord et avant tout de la compression de la masse salariale (cf. graphique n°14) permettant une remontée rapide du taux de plus-value (cf. graphique n°2). Un redressement de la part salariale après les années 1980 n’aurait donc pas résolu mais aggravé la crise. Quant à un éventuel retour à la prospérité d’après-guerre, il est également impossible pour de multiples raisons, ne serait-ce que suite à la diminution drastique des gains de productivité (cf. graphiques n°11, 12 et 13). Dès lors, si Marx nous montre qu’un capitalisme bien régulé – c’est-à-dire qui tend à garantir l’équilibre entre ses secteurs et agrégats – lui permet de mieux fonctionner, cela n’implique nullement qu’il pourrait résoudre ses contradictions et échapper à ses crises récurrentes, encore moins en relevant uniquement sa part salariale !

En conséquence, Marx ne voyait aucune contradiction à affirmer, d’une part, que « la raison ultime de toutes les crises réelles, c’est toujours la pauvreté et la consommation restreinte des masses » et, d’autre part, « ...on prétend que la classe ouvrière reçoit une trop faible part de son propre produit et que l’on pourrait remédier à ce mal en lui accordant une plus grande part de ce produit, donc des salaires plus élevés » [43] ! Rejeter la première explication au nom de la seconde ou accepter la première en fermant les yeux sur la seconde procède d’une mécompréhension des analyses de Marx. Celles-ci renvoient dos-à-dos les tenants de l’explication des crises par la sous-consommation des masses et les tenants d’une orthodoxie mal placée qui nient toute possibilité d’aggravation des crises consécutivement à une compression salariale.

 

[25] Ed. Sociales, Marx, Théories sur la Plus-Value, tome II : 560.

[26] Marx, La Pléiade – Économie II, Livre II du Capital : 614 ou Ed. Sociales, volume IV : 171.

[27] Marx, La Pléiade – Economie II, Livre III du Capital : 1208 ou Ed. Sociales, volume VII : 148. Lire aussi sa longue description que nous ne pouvons reproduire ici par manque de place : La Pléiade – Économie I, livre I du Capital : 1302-1303 ou Ed. Sociales, volume II : 134-136.

[28] Marx, Le Capital, Livre III, Ed. Sociales, tome 1 : 270 et 254 ou La Pléiade – Économie II : 1041 et 1024.

[29] Engels et Marx Anti-Dühring, chapitre II, Notions théoriques, Ed. Sociales 1973 : 313.

[30] Marx, Livre II du Capital, volume V aux Ed. Sociales : 141 ou La Pléiade – Économie II : 829.

[31] Marx, La Pléiade – Économie II, livre III du Capital : 1027 ou Ed. Sociales, volume VI : 258.

[32] Marx, La Pléiade – Économie II, livre III du Capital : 1026 ou Ed. Sociales, volume VI : 257.

[33] Éditions Sociales, Marx, Grundrisse, volume I : 357.

[34] Marx, La Pléiade – Économie II, livre III du Capital : 1206 ou Ed. Sociales, volume VII : 145.

[35] Marx, La Pléiade – Économie II, livre III du Capital : 1038 ou Ed. Sociales, volume VI : 268.

[36] Engels, Préface à l’édition anglaise du Capital cité dans La Pléiade – Économie II : 1802 ou Ed. Sociale, volume I : 37. Cette idée avait déjà été exprimée par Marx dans les Grundrisse : « Au cours de la reproduction et de l’accumulation, de petites améliorations s’effectuent continuellement, qui finissent par modifier toute l’échelle de la production : il y a développement croissant des forces productives. Dire de cette production croissante qu’elle a besoin d’un marché de plus en plus étendu et qu’elle se développe plus rapidement que celui-ci, c’est exprimer, sous sa forme réelle et non plus abstraite, le phénomène à expliquer. Le marché s’agrandit moins vite que la production… […] Si le marché s’était élargi de pair avec l’accroissement de la production, il n’y aurait ni encombrement du marché ni surproduction » La Pléiade – Économie II : 489.

[37] Engels et Marx, Anti-Dühring, chapitre II, Notions théoriques, Ed. Sociales 1973 : 312.

[38] Marx, Histoire des doctrines économiques, 5, tome V, Ed. Molitor : 39-40.

[39] « Une DES causes principales de la crise de 1847 était l’engorgement extraordinaire du marché et la spéculation effrénée dans le commerce avec les Indes orientales » Marx, La Pléiade, Économie II, Livre III du Capital : 1208 ou Ed. Sociales, volume VII:148. Marx est on ne peut plus clair ici, rien que pour la seule crise de 1847, il parle explicitement de plusieurs causes principales, de quoi faire réfléchir tous les partisans des différentes théories mono-causales et invariantes des crises.

[40] Le secteur I des biens de production et le secteur II des biens de consommation.

[41] Productivité du travail, capital par emploi, taux de plus-value, composition du capital, etc.

[42] Ed. Sociales, Marx, Théories sur la Plus-Value, tome II : 560.

[43] Marx, La Pléiade – Économie II, livre II du Capital : 781 ou Ed. Sociales, volume V : 63.

INTRODUCTION
suite1
ACCUEIL
A LA UNE
lMPERIALISME
PROGRAMME
TUNISIE1
TUNISIE2
TUNISIE3
ECONOMIE
JOURNAL1
JOURNAL2
JOURNAL3
ARABE
ALLEMAND
ECOLOGIE
MAGHREB
LE MONDE
ARCHIVES
AFFAIRE,случай